Une soixantaine de partisans du régime communiste cubain ont empêché les «Dames en blanc», épouses et mères de prisonniers politiques cubains, de défiler dans les rue de La Havane pour le deuxième dimanche consécutif, a constaté un journaliste de l'AFP.

La dirigeante du groupe, Laura Pollan, s'est vu signifier l'interdiction par un agent de la sécurité, vêtu en civil, alors qu'elles s'apprêtaient à marcher comme elles en ont l'habitude dans la cinquième avenue, après avoir assisté à une messe dans l'est de la capitale.

«Laura Pollan, comme vous ne nous avez pas informé que vous alliez réaliser cette activité, comme on vous l'avait indiqué, il n'y a pas de défilé et vous devez vous disperser», lui a déclaré cet homme.

Des partisans du gouvernement ont ensuite entouré les femmes et commencé à chanter des slogans révolutionnaires. Les Dames en blanc ont répondu en scandant «liberté» avant d'être obligées de monter dans un autobus.

Dimanche dernier, les Dames en blanc s'étaient déjà plaintes de l'interruption d'une de leurs manifestations par la police qui les avait reconduites de force chez elles.

La Sécurité d'État leur a fait savoir il y a trois semaines qu'elles devaient désormais demander une autorisation à la police 72 heures avant toute manifestation, selon un autre membre du groupe, Bertha Soler.

Les Dames en blanc, co-lauréates en 2005 du prix Sakharov décerné par le Parlement européen «pour la liberté de pensée», sont considérées par le gouvernement comme des fers de lance de la campagne américaine contre Cuba.

Elles avaient organisé en mars sept jours de manifestation pour marquer le 7e anniversaire de l'arrestation de leurs proches, membres d'un groupe de 75 opposants arrêtés en mars 2003. Cinquante-trois sont toujours sous les verrous.

Les autorités cubaines nient détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo à l'île.

Un prisonnier politique, Orlando Zapata, est mort le 23 février des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi. Le lendemain, un autre dissident, Guillermo Farinas, a entamé une grève similaire qui dure depuis bientôt deux mois.