Le dirigeant cubain Raul Castro et son frère Fidel ne veulent pas normaliser les relations entre leur pays et les États-Unis, a lancé vendredi la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton.

Malgré les tentatives de l'administration Obama, «je crois personnellement que les Castro ne veulent pas la fin de l'embargo et ne veulent pas voir de normalisation avec les États-Unis», a-t-elle répondu à un étudiant qui l'interrogeait à l'université du Kentucky, à Louisville (est des États-Unis).

En cas de normalisation, a-t-elle ajouté, «ils perdraient toutes leurs excuses pour tout ce qui ne s'est pas passé à Cuba depuis cinquante ans».

Très offensive, Mme Clinton a affirmé que «beaucoup, dans le monde, voient maintenant ce que nous voyons depuis longtemps: un régime très intransigeant, retranché, qui a étouffé les possibilités des Cubains».

«Pour la première fois, parce que nous avons dit que nous étions prêts à parler et à nous ouvrir, et parce que nous avons vu la façon dont les Cubains ont répondu, pour la première fois, beaucoup de pays qui n'avaient fait que s'en prendre aux États-Unis ont maintenant commencé à critiquer Cuba, parce qu'ils laissent les gens mourir», a-t-elle insisté.

Cette phrase faisait référence au cas du prisonnier politique Orlando Zapata, décédé le 23 février au bout de près de trois mois de jeûne, et du dissident Guillermo Farinas.

Ce cyberjournaliste de 48 ans a cessé de s'alimenter et de boire depuis 44 jours pour réclamer la libération de 26 prisonniers politiques malades.

Cuba et les États-Unis n'entretiennent plus de liens diplomatiques formels depuis 1961. Et les Américains maintiennent depuis 47 ans un embargo dont ils conditionnent la levée au respect des droits et libertés sur l'île.

L'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche en 2009 avait permis une baisse des tensions, avant un nouveau flot de critiques cubaines contre «l'empire» américain.

Des discussions, les premières depuis six ans, avaient eu lieu en juillet à La Havane. Signe de détente, les autorités cubaines avaient alors permis à une responsable du département d'État de voyager en dehors de la capitale, ce qui est en principe interdit aux diplomates américains.

Fidel Castro, le chef de la révolution cubaine en 1959, a cédé le pouvoir à son frère cadet de cinq ans et premier lieutenant, Raul Castro, en juillet 2006 pour raisons de santé, mais il reste officiellement le Premier secrétaire du parti.

En décembre, Fidel Castro avait accusé M. Obama de cacher derrière son «sourire aimable» la même politique agressive que son prédécesseur George W. Bush.