Rio de Janeiro en deuil se relevait avec peine mercredi d'intempéries meurtrières, une tragédie qui a fait plus d'une centaine de morts, alors que les autorités étaient critiquées pour le chaos vécu par des millions de cariocas.

En soirée, le bilan s'était alourdi à 133 morts, a indiqué la Défense civile à l'AFP. Le précédent faisait état de 113 morts.

Depuis le début de la journée, les pluies ne tombaient plus que par intermittence, laissant espérer que le pire était désormais passé.

La situation «est meilleure qu'elle n'était hier», s'est réjoui tôt mercredi le maire de Rio Eduardo Paes, devant la presse. La ville a été plongée de lundi soir à mardi dans le chaos, avec des transports paralysés, des rues transformées en torrents et des éboulements meurtriers.

Profitant de l'accalmie, quelque 5 000 agents municipaux étaient mobilisés mercredi pour nettoyer la mer de boue qui, par endroit, recouvrait rues et voitures.

L'activité n'a repris que lentement dans le centre administratif et commercial de Rio, quasiment déserté mardi, mais de nombreux habitants sont encore restés chez eux, conformément aux consignes de prudence des autorités.

Le maire a maintenu l'état d'alerte maximum, n'écartant pas de nouveaux glissements de terrain et appelant à nouveau les habitants des zones à risque à quitter leurs domiciles.

Les secouristes s'employaient mercredi à rechercher les disparus, emportés dans les coulées de boue.

Selon la Défense civile, 43 victimes ont été recensées dans la ville de Rio, mais le plus grand nombre de morts a été enregistré dans celle de Niteroi, de l'autre côté de la baie de Rio, où 54 personnes ont péri.

La majorité des victimes ont été ensevelies par des glissements de terrain dans des favelas accrochées aux collines, comme sur le Morro dos Prazeres, à Santa Tereza, près du centre de Rio, où 15 personnes ont trouvé la mort.

La conjonction de très fortes pluies et de la marée haute - qui a fait déborder la lagune Rodrigo de Freitas, canaux et rivières -, a été aggravée par la topographie de la ville, coincée entre la mer et la montagne.

Mais, au-delà de la violence du phénomène climatique, la presse se faisait l'écho des critiques contre l'inaction pendant des décennies des autorités de la ville et de l'Etat pour faire face aux intempéries.

«Le même chaos... les mêmes excuses», a titré le grand journal de Rio, O Globo. «Les tragédies provoquées par les pluies se répètent depuis 40 ans et les pouvoirs publics n'ont rien fait», ajoute le quotidien.

Le journal populaire O Dia affirme également que «en dépit de la force terrifiante de la nature, l'extension des dégâts et le nombre de morts sont le signe que les pouvoirs publics commettent des erreurs dans la prévention des tragédies».

Dès mardi, les experts soulignaient qu'une des principales raisons du bilan meurtrier des pluies était l'urbanisation sauvage des favelas sur les collines escarpées et des constructions dans des zones inondables.

En dépit du chaos provoqué par les pluies, le président Luiz Inacio Lula da Silva a assuré que la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016 n'étaient pas menacés.

La presse a toutefois relevé que le stade du Maracana, le temple du football, et le «petit» Maracana, avaient été transformés en piscine par les inondations.