Quelque 200 partisans du gouvernement cubain de Raul Castro ont conspué mardi une vingtaine de «Dames en blanc», épouses ou mères de prisonniers politiques qui défilaient dans les rues de La Havane sous tension après la mort controversée fin février d'un détenu en grève de la faim.

Un homme d'une quarantaine d'années, dont l'identité n'est pas connue, qui marchait derrière les «Dames en blanc», a été interpellé pour avoir crié «À bas la dictature!», a constaté un journaliste de l'AFP.

Les «Dames en blanc» ont été prises à partie par des contre-manifestants alors qu'elles marchaient dans le centre-ville en offrant des glaïeuls aux passants.

«À bas les vers de terre!» ou «la rue appartient à Fidel» Castro, l'ancien président et père de la Révolution de 1959, criaient les militants tandis que les dissidentes, protégées par un «cordon de sécurité» de policiers en civil, leur répondaient aux cris de «liberté!».

La manifestation s'est terminée quand les «Dames en blanc» sont entrées dans la maison de l'une d'entre elles.

En décembre dernier, des centaines de militants pro-Castro s'en étaient pris de façon similaire aux dissidentes.

Les «Dames en blanc» avaient donné la veille le coup d'envoi de sept jours de manifestations pour marquer le 7e anniversaire de la vague d'arrestations de 75 opposants, dont 53 restent sous les verrous.

Ces manifestations se déroulent dans un climat tendu par la mort, le 23 février, du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans, des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi, et par le jeûne de protestation de Guillermo Farinas, 48 ans, hospitalisé depuis jeudi à Santa Clara (centre).

M. Farinas, un cyber-journaliste qui réclame la libération de 26 détenus politiques malades, est nourri par voie intraveineuse et assure qu'il continuera sa grève de la faim et de la soif dès sa sortie de l'hôpital.

L'île communiste s'estime victime d'une «campagne de diffamation» et ses médias dénoncent quotidiennement l'Europe, dont le Parlement a voté jeudi dernier une résolution condamnant la mort «évitable» et «cruelle» de Zapata.

L'Union européenne et les États-Unis avaient appelé à la libération des prisonniers politiques cubains après la mort de Zapata. Des pays d'Amérique latine comme le Brésil et la Bolivie ont eux marqué leur soutien à Cuba.

Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, l'écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa et plus de 7 000 citoyens anonymes d'Amérique ou d'Europe, dont quelque 70 de Cuba, réclament dans une pétition qui circule sur internet la libération des détenus politiques, au nombre de 200 selon la dissidence.

Le gouvernement cubain nie détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo contre l'île.

La vague d'arrestations de mars 2003 à Cuba, seul pays du continent dirigé par un parti unique, avait été à l'origine d'une suspension de la coopération avec l'Union européenne pendant 5 ans.