Le dissident cubain Guillermo Farinas, en grève de la faim et de la soif depuis 15 jours à son domicile de Santa Clara, au centre de l'île, a été admis jeudi dans l'unité des soins intensifs de l'hôpital de la ville après avoir perdu brièvement conscience, ont rapporté ses proches.

«Il a perdu conscience en raison d'une crise d'hypoglycémie. Il a été transporté en voiture à l'hôpital provincial» de Santa Clara (situé à 270 km à l'est de La Havane), a affirmé par téléphone à l'AFP la «porte-parole» du gréviste de la faim, Lisset Zamora, ajoutant qu'il se trouvait depuis «aux soins intensifs».

Son état a été jugé «grave» lors de son admission, selon un responsable hospitalier interrogé par l'AFP.

La mère de M. Farinas, Alicia Hernandez, la seule de ses proches se trouvant à ses côtés à l'hôpital, a affirmé jeudi soir par téléphone à l'AFP que son fils se trouvait sous perfusion dans un «état stable» et «conscient».

«On ne peut pas dire qu'il soit dans un état grave, mais après 15 jours de grève, son état s'est détérioré et il peut arriver n'importe quoi, il n'est pas hors de danger. Son immunité est très basse, avec des symptômes de déshydratation, bien que son taux de glucose soit déjà revenu à la normale», a dit cette infirmière retraitée.

Guillermo Farinas, un cyberjournaliste de 48 ans qui réclame la libération de 26 prisonniers politiques malades, avait été une première fois brièvement hospitalisé il y a une semaine après une crise d'hypoglycémie qui lui avait fait perdre conscience.

Il a entamé sa grève de la faim et de la soif peu après la mort controversée du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans, des suites d'un jeûne de protestation de deux mois et demi.

Le Parlement européen a dénoncé jeudi la mort de Orlando Zapata, la jugeant «évitable», et a exprimé sa grande préoccupation pour l'état de santé de M. Farinas. Il a également réclamé la libération des prisonniers politiques cubains, au nombre de 200 selon la dissidence.

Cuba a aussitôt condamné cette déclaration du Parlement européen, la jugeant biaisée, «discriminatoire» et «offensante» pour le peuple cubain.

Le gouvernement de Raul Castro nie détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de mercenaires à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo contesté contre l'île communiste.

Les autorités cubaines ont par ailleurs qualifié lundi, via un quotidien officiel, de «chantage» la grève de la faim de M. Farinas, le prévenant qu'il porterait seul la responsabilité de sa mort éventuelle.