Le dissident Guillermo Farinas, en grève de la faim et de la soif depuis neuf jours à son domicile de Santa Clara (centre de Cuba), a dit avoir reçu vendredi la visite d'un conseiller de l'ambassade d'Espagne qui lui a demandé sans succès d'arrêter son jeûne de protestation.

«Le conseiller politique de l'ambassade d'Espagne, Carlos Perez-Desoy, est resté chez nous environ deux heures. Il m'a demandé d'arrêter ma grève pour que son pays puisse négocier le mois prochain le thème des droits de l'Homme avec Cuba», a déclaré par téléphone à l'AFP le cyberjournaliste de 48 ans.

«Je lui ai que dit non, que j'allais continuer ma grève, qu'il y avait déjà un mort et qu'il pourrait y en avoir d'autres s'il n'y avait pas un geste humanitaire de la part de Raul Castro», le président cubain, a ajouté M. Farinas qui réclame la libération de 26 prisonniers politiques malades.

Il a entamé son jeûne à son domicile de Santa Clara (270 km à l'est de La Havane) au lendemain de la mort le 23 février d'Orlando Zapata, 42 ans. Ce «prisonnier de conscience», selon l'organisation Amnesty International, qui protestait contre ses conditions de détention, est décédé dans un hôpital des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi.

Il n'était pas possible de joindre M. Perez-Desoy qui, selon M. Farinas, «n'a pas parlé des détenus politiques» et effectuait sa visite au nom du gouvernement espagnol et non de l'Union européenne qui est actuellement sous la présidence tournante de l'Espagne.

En octobre dernier, le gouvernement cubain avait accepté de libérer un prisonnier politique malade à la demande du chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos.

Premier partenaire commercial européen de Cuba, l'Espagne plaide auprès de l'UE pour l'abrogation de la «position commune» de 1996 qui lie le dialogue politique avec l'île au respect des droits de l'Homme. Cuba juge cette position «unilatérale» inadmissible.

Après la mort de Zapata, les Européens ont de nouveau réclamé la libération des prisonniers politiques cubains, au nombre de 200 selon la dissidence.

Les autorités cubaines nient détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis.