Carolyne Vita était en train d'allaiter son bébé de six mois dans son appartement de Santiago quand la veilleuse a émis un éclair éblouissant avant de s'éteindre, et de la plonger dans le noir.

«J'ai d'abord pensé que l'ampoule s'était brisée», raconte la Québécoise de 35 ans qui vit au Chili depuis près de deux ans. Ancienne acrobate du Cirque du soleil, elle y avait rejoint son amoureux, Gustavo. Quand tout s'est mis à trembler,  au milieu de la nuit de vendredi à samedi, Carolyne Vita a ressenti la terreur de sa vie. C'était plus que de la peur: «J'ai serré les dents, tout mon corps était tendu, j'étais sûre que c'était la fin», confie-t-elle.

Pendant une minute, la jeune femme a «sacré en bon québécois» avant de se dire: «Je m'en retourne chez nous.» Puis elle a serré son petit garçon contre elle et elle a hurlé de frayeur.

«J'ai crié le nom de mon copain, qui dormait dans notre chambre.  Je ne savais pas où aller dans notre appartement du troisième étage d'un édifice qui en a six. Je me suis donc dirigée à la porte d'entrée en étant certaine que c'était un des murs qui soutient l'édifice.  Mon copain à mes côtés me criait de ne pas sortir, de rester dans l'appartement.  C'était difficile car une fois la porte ouverte, je voulais sortir, je ne voulais pas rester là, je n'étais pas hystérique, mais terrifiée, toujours avec le petit dans mes bras.»

Au bout d'une minute, le grondement s'est transformé. Maintenant les murs craquaient, les objets en vitre éclataient, des objets tombaient dans la maison.

«Le petit ne pleurait pas, il me regardait avec ses grands yeux que je voyais à peine car il faisait très noir», confie la Québécoise de 35 ans.

Pour elle, cette deuxième minute du séisme a été la pire: «J'avais toutes ces images d'Haïti dans la tête.» Puis la petite famille s'est installée sur un lit, en attendant que le sol arrête de bouger.

Aujourd'hui, la vie a repris à Santiago, relate Carolyne Vita. Son copain Gustavo est allé travailler à son cabinet de dentiste, et presque tous ses patients étaient au rendez-vous. Mais comme d'autres Chiliens, il s'inquiète pour ses proches à Concepcion, la ville la plus touchée par le tremblement de terre.

Mais il suffit qu'un camion passe en faisant un peu de bruit pour susciter des moments de panique. Un climat d'insécurité règne toujours dans la capitale chilienne, dit Carolyne Vita.