Une reine d'une école de samba de sept ans a provoqué la controverse mais devait être au centre de tous les regards lors de la première nuit des défilés du Carnaval de Rio qui a commencé dimanche soir.

C'est l'école Uniao da Ilha qui a donné le coup d'envoi des défilés sur le sambodrome sur le thème «Don Quichotte, le chevalier des rêves impossibles».

L'école Viradouro, la quatrième à défiler, a choisi une fillette de sept ans, Julia Lira, pour danser devant le groupe des 300 percussionnistes de l'école qui rendra hommage au Mexique. Les organisations de défense des droits de l'enfant ont protesté contre cette position «fortement connotée sexuellement» mais la justice a finalement autorisé Julia à défiler.

Ce rôle prestigieux est traditionnellement réservé à des jeunes femmes vêtues d'un mini-bikini en strass. Ces beautés dénudées payent jusqu'à 160.000 dollars ce rôle qui leur offre une gloire nationale et leur ouvre la porte à de nombreux contrats.

Le père de la fillette - qui est également président de Viradouro - a déclaré avoir «misé sur l'avenir» de son école mais le quotidien O Globo a affirmé dimanche que la reine en titre a refusé de payer les 125 000 dollars exigés par l'école, une pratique révélée cette année.

La pop-star américaine Madonna, l'acteur australien Hugh Jackman ou encore Paris Hilton apporteront cette année un peu plus de glamour aux défilés auxquels assistent 90 000 spectateurs au Sambodrome, l'enceinte construite il y a un quart de siècle par l'architecte Oscar Niemeyer.

Dimanche et lundi dans la nuit, douze écoles de samba rivaliseront pour tenter de remporter le titre convoité de «championne du carnaval». Le prix des places est inaccessible pour la plupart des cariocas qui se réfugient dans le carnaval de rue.

Cette compétition a des règles implacables et les jurés notent dix critères comme l'originalité des thèmes, costumes, chars allégoriques, rythme, harmonie, évolution des danseurs... Le résultat sera connu mercredi.

Le défilé prendra fin à l'aube avec la célèbre Beija-Flor qui rendra hommage à Brasilia l'année où la capitale futuriste fête ses 50 ans.

Beija-Flor a disposé d'un gros budget de 4 millions de dollars, dont 1,5 million apportés par Brasilia mais elle pourrait pâtir du scandale de corruption qui a conduit jeudi à l'arrestation et l'incarcération de son gouverneur conservateur, José Arruda.

Plus que jamais soucieuses de l'image de Rio depuis qu'elle a été choisie pour organiser les Jeux Olympiques de 2016, les autorités ont mobilisé sept mille policiers à Rio, dont mille formés pour aider les éventuelles victimes d'homophobie.

Cela n'a pas empêché vendredi un Néerlandais d'être attaqué et grièvement blessé par balles en se rendant à pied au Christ Rédempteur, au sommet du Corcovado, le lieu le plus visité de la ville.

«J'ordonne que tout le monde s'amuse!»: le roi du carnaval, le gros «roi Momo», a donné vendredi le coup d'envoi officiel des festivités. Mais les «blocos», ces carnavals de rue qui attirent de plus en plus de monde -2,5 millions de personnes cette année- ont déjà envahi depuis de nombreux jours la ville écrasée par une vague de chaleur historique.

Pas de quoi décourager pourtant les touristes fuyant le froid de l'hémisphère nord: 730 000 visiteurs étrangers et brésiliens étaient attendus cette année pour le Carnaval.