Une reine controversée de sept ans, la pop-star américaine Madonna en personne et une vague de chaleur torride devaient enflammer cette année le carnaval de Rio.

De Sao Paulo à Salvador de Bahia, des millions de Brésiliens se sont lancés vendredi dans la frénésie du carnaval qui culmine dimanche et lundi avec les somptueux défilés des écoles de samba à Rio de Janeiro.

Emporté par la folie du carnaval et ses milliers de défilés de rue, ce pays de 195 millions d'habitants va s'arrêter jusqu'à mercredi, selon une tradition apportée par les colons portugais au 17ème siècle.

Le gros roi Momo, symbole de tous les excès du carnaval de Rio, a reçu vendredi les clés symboliques de la ville des mains du maire, Eduardo Paes, coup d'envoi officiel des festivités.

«C'est le premier carnaval de la ville olympique qui a une image fantastique dans le monde entier, c'est le carnaval de l'allégresse», a déclaré le maire.

«J'ordonne que tout le monde s'amuse!», a lancé Momo.

En réalité, depuis plusieurs semaines déjà, le pays tourne au ralenti et les «blocos», ces défilés de rue plus ou moins spontané ont envahi les rues, avec leurs cortèges de percussions et leurs foules costumées - et enivrées.

Vendredi soir, Sao Paulo, la plus grande ville du Brésil (sud-est), Salvador de Bahia et Recife (nord-est) devaient ouvrir les festivités officielles avec leurs premiers défilés.

À Salvador, ce sont deux millions de personnes qui dansent toutes les nuits au son des «trios électriques», d'énormes camions-son où prennent places des groupes et chanteurs à succès qui parcourent la ville.

Un million et demi de personnes étaient aussi attendues à Recife autour du traditionnel «Galo da madrugada» (le coq de l'aube), considéré comme le plus grand groupe de carnaval du monde, qui défile dans les rues au rythme endiablé et acrobatique du «frevo».

Mais le carnaval le plus célèbre reste sans conteste celui de Rio avec ses défilés des écoles de samba dimanche et lundi. Les douze meilleures vont rivaliser pour remporter le titre convoité de championne du carnaval, dont le résultat est annoncé mercredi.

Cette année, la pop-star américaine Madonna, à Rio déjà depuis quelques jours, va apporter en personne une touche de glamour supplémentaire aux féériques défilés sur l'avenue Marques de Sapucai, au Sambodrome, construit en 1984 par l'architecte Oscar Niemeyer.

Bien sûr, les 90.000 spectateurs du Sambodrome s'émerveillent de la richesse et de l'imagination des chars gigantesques, fruits de mois de travail.

Mais la plupart n'ont d'yeux que pour les «passistas» qui défilent en dansant, vêtues seulement de quelques centimètres de strass. Et surtout pour les «reines de la batterie», ces jeunes femmes choisies pour leur talent de danseuse... et leur plastique parfaite.

La célèbre école de Viradouro a elle désigné une fillette de sept ans, Julia Lira, provoquant la colère des organisations de défense des droits de l'enfant qui dénoncent un rôle trop «fortement connoté sexuellement».

Mais la justice les a déboutées et a autorisé Julia à défiler. Le père de l'enfant, qui est le président de l'école, a promis que sa fille ne serait pas aussi dévêtue que les autres reines.

Avec un thermomètre qui a dépassé ces derniers jours les 40°, faisant de ce mois de février le plus chaud des cinquante dernières années, les tenues devraient de toute façon rester très légères.