Les Mayas du Mexique et du Guatemala, héritiers de l'ancien empire maître d'une partie de l'Amérique centrale, ne prévoient pas pour 2012 l'apocalypse, contrairement à ce qu'annonce le film américain «2012», selon les premiers résultats d'une étude menée par des scientifiques mexicains.

Les Mayas du Mexique et du Guatemala, héritiers de l'ancien empire maître d'une partie de l'Amérique centrale, ne prévoient pas pour 2012 l'apocalypse, contrairement à ce qu'annonce le film américain «2012», selon les premiers résultats d'une étude menée par des scientifiques mexicains.

Dans «2012», inspiré du best-seller vendu à 10 millions d'exemplaires de l'écrivain américain Steve Alten, et d'autres ouvrages, une prédiction maya fixe la fin du monde au 21 décembre de cette année-là.

En fait, selon une pierre gravée découverte à Coba, dans la péninsule du Yucatan (extrême sud-est du Mexique), c'est en 2012 que doit s'achever l'ère actuelle du calendrier maya, entamée 3 144 ans avant celle du calendrier romain.

La communauté maya représente 40% des 13 millions d'habitants du Guatemala, selon les estimations officielles, et près de 1,5 million de Mexicains, concentrés dans le Yucatan.

Aucune des interprétations «occidentales» de ces inscriptions n'exprime «le ressenti des Mayas», affirme à l'AFP Jose Huchim, un des chercheurs, Maya lui-même.

«Dans la manière de penser des Mayas, c'est seulement une période cyclique qui prend fin, et ils n'ont jamais envisagé cela comme une date catastrophique», explique-t-il.

«On donne une autre signification à la vision que nous, Mayas, avons de cette transition», poursuit cet archéologue de l'Institut national d'Anthropologie et d'Histoire (Inah) de Mexico.

«Ce que les Mayas ont en réalité prévu pour cette date, c'est qu'une déité de la guerre allait descendre sur terre, mais sans aucune notion de fin du monde», confirme Guillermo Bernal, son confrère du Centre d'études mayas de l'Université nationale autonome du Mexique (Unam), la plus renommée du pays.

Les chercheurs mexicains iront en mars au Yucatan et au Guatemala voisin pour y consulter les chamans, ces prêtres et médecins traditionnels de la communauté maya, et enregistrer leurs interprétations.

Les Mayas ont créé leur calendrier dit «du long compte» pour marquer des dates marquantes de leur passé et de leur avenir, gravées sur des pierres.

Le calendrier compte 13 cycles de 144.000 jours, dont le dernier s'achève le 21 décembre 2012. «Mais cela ne signifie pas la fin du monde», insiste M. Bernal.

«Ensuite commence le cycle 14, le compte du temps continue. Par exemple, à Palenque (zone archéologique du sud-est du Mexique) il existe une stèle qui cite une date bien plus lointaine dans le futur : l'anniversaire d'un dirigeant de cette cité maya, en 4772 de notre calendrier romain», souligne-t-il.

La préoccupation majeure de l'équipe de chercheurs est que des sectes religieuses utilisent cette «prédiction apocalyptique» pour pénétrer les communautés indigènes.

«Il y a des exemples récents de telles utilisations par les sectes pour inciter à des suicides collectifs», rappelle M. Bernal.

L'exemple le plus impressionnant fut le suicide collectif, entaché de meurtres selon des faisceaux de soupçons, le 18 novembre 1978, de 914 disciples du gourou Jim Jones à Jonestown au Guyana. Parmi les morts, figuraient 274 enfants.