L'élection présidentielle de dimanche au Costa Rica pourrait marquer à la fois une succession sans surprise et une révolution: Laura Chinchilla, candidate du parti au pouvoir, est largement favorite pour devenir la première femme à diriger «la Suisse de l'Amérique centrale».

Mme Chinchilla, parrainée par le Parti de libération nationale (PLN, centre-droit) du président et Prix Nobel de la Paix Oscar Arias, à qui la Constitution interdit un second mandat successif, pourrait même l'emporter dès le premier tour.

Les derniers sondages donnent en effet à cette politologue, spécialiste des questions de sécurité, une large avance (41%) sur ses principaux rivaux, l'avocat de droite Otto Guevara (22%) et Otton Solis (19%), représentant du centre-gauche.

Une victoire de Mme Chinchilla, 50 ans, ne devrait pas changer la ligne de conduite du pays qui reste un îlot de stabilité politique en Amérique centrale, secouée en juin par un coup d'État au Honduras ayant renversé le président Manuel Zelaya.

Le Costa Rica, petit pays de 4,5 millions d'habitants, a toutefois découvert ces dernières années l'insécurité et la violence criminelle qui minent ses voisins, puis la crise économique.

M. Arias, 69 ans, Prix Nobel 1987 pour son rôle dans la résolution des guerres civiles en Amérique centrale, quitte le pouvoir avec un taux de confiance au plus bas, 1,6 sur une échelle de 1 à 5. Sa médiation dans la crise politique hondurienne a notamment échoué.

Le candidat Otto Guevara, 49 ans, en est à sa troisième tentative présidentielle après deux essais infructueux, mais il a réussi à se hisser en deuxième position dans les sondages derrière Mme Chinchilla en modérant le message ultralibéral de son parti, le Mouvement libertaire (ML).

Otton Solis, 55 ans, leader du Parti d'action citoyenne (PAC, centre-gauche), brigue lui aussi pour la troisième fois la présidence, qu'il a frôlée en 2006, devancé alors de 1% seulement par M. Arias.

Mme Chinchilla a fait de l'insécurité, la drogue et la crise économique les premières cibles de son discours électoral.

Elle a insisté sur la relance nécessaire après la chute du PIB de 1,3% en 2009, dans un pays qui a largement basé sa prospérité sur son pouvoir d'attraction pour les investissements étrangers, et mis l'accent sur «la menace gravissime» que les trafiquants de drogue font peser sur le pays et la région.

«C'est en Amérique centrale que se livrera probablement la dernière bataille des bandes criminelles en Amérique latine», a déclaré Mme Chichilla, en allusion à l'expansion régionale des cartels de la drogue venant de Colombie et du Mexique, où des coups répétés leur ont été portés.

La lutte contre le trafic de drogue passe par «un programme social et politique davantage que par un programme policier et militaire», fait-elle aussi valoir.

La priorité doit être donnée à «l'emploi», selon elle, grâce aux investissements étrangers, en particulier dans la haute technologie, et en développant des «énergies propres et durables» au Costa Rica.

La stabilité du pays demeure son meilleur atout pour attirer des capitaux qui lui ont permis au fil des ans de diversifier son économie. Essentiellement agricole à l'origine, elle exporte maintenant des services de haute technologie, depuis les télécommunications et l'informatique jusqu'à la pharmacie.