L'opposition vénézuélienne a manifesté jeudi pour protester contre les pénuries et la suspension de médias au Venezuela, tandis que le gouvernement mobilisait aussi ses troupes, à sept mois d'élections législatives jugées cruciales par le pouvoir en place.

À l'occasion du 18e anniversaire du putsch avorté du président Hugo Chavez contre son prédécesseur Carlos Andre Perez en 1992, plus de 5 000 «chavistes» ont convergé vers le Fort Tiuna, une base militaire de Caracas, pour écouter le chef de file de la gauche radicale latino-américaine.

«Nous nous sentons plus que jamais fiers du chemin parcouru», a lancé M. Chavez, vêtu d'un uniforme militaire et d'un béret rouge.

Le dirigeant vénézuélien, emprisonné deux ans après cette opération ratée, considère qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat mais du point de départ d'une révolution contre un gouvernement à la solde de l'étranger qui l'a finalement porté au pouvoir en 1998.

«Le 4 février marque la naissance de la véritable démocratie pour nous. Avant, le peuple était opprimé», a déclaré Omaira Vegas, une Vénézuélienne de 66 ans, durant la manifestation pro-gouvernementale.

Dans le même temps, des centaines d'opposants, en majorité des étudiants, ont manifesté pour montrer leur «mécontentement à propos de ces 11 ans (de présidence Chavez) qui n'ont pas résolu les problèmes», selon l'un de leurs  dirigeants, Roderick Navarro.

Ils souhaitaient défiler jusqu'à l'Assemblée nationale, mais n'ont pas obtenu l'autorisation des autorités, qui ont déployé un imposant dispositif policier autour du bâtiment.

Les étudiants sont le fer de lance des manifestations récentes contre le gouvernement, comme celles contre la suspension de six chaînes câblées, parmi lesquelles RCTV, très critique à l'égard du pouvoir. Des incidents en marge des rassemblements avaient fait deux morts la semaine dernière.

La multiplication des mesures de rationnement d'eau et d'électricité a également irrité une partie de la population de ce pays riche en pétrole.

Le gouvernement évoque une sécheresse historique, qui a réduit l'activité de trois centrales hydro-électriques assurant 70% de la production du pays. Ses détracteurs dénoncent un manque de maintenance et d'investissements.

Lundi, d'anciens ministres et ex-alliés d'Hugo Chavez ont exigé sa démission, estimant qu'il n'avait «ni la légitimité, ni les capacités pour gouverner».

Le président vénézuélien, élu fin 1998, réélu en 2000 et en 2006, a répondu le lendemain qu'il était prêt à rester 11 ans de plus au pouvoir.

Et il a ajouté que sa «révolution bolivarienne», mêlant programmes sociaux à l'intention des plus pauvres et nationalisation des secteurs stratégiques (hydrocarbures, électricité, télécommunications, sidérurgie, banques), durerait encore 900 ans.

Cela passe par une large victoire aux prochaines législatives, selon Chavez, qui veut remporter deux-tiers des sièges en septembre. Le pouvoir contrôle la quasi-totalité du parlement actuel, car l'opposition avait boycotté le scrutin de 2005.