La «vitamine T», surnom donné par les Mexicains au régime «tacos, tortillas et tortas», les galettes farcies omniprésentes sur leurs tables, fait de leurs enfants les plus obèses du monde, un fléau dénoncé par le président de la République en personne.

Felipe Calderon a lancé cette semaine un plan national contre les kilos superflus qui ont coûté plus de 3 milliards de dollars au système de santé, selon lui. Le «surpoids» est une triste spécialité américano-mexicaine: les États-Unis comptent le plus d'adultes obèses au monde, devant les Mexicains, qui ont le plus d'enfants obèses, et aussi le plus d'adultes en «surcharge pondérale».

On définit ainsi une personne présentant un «indice de masse corporelle» (poids en kilos divisé par le carré de la taille en mètres) supérieur à 25.

En 2007, l'homme le plus gros du monde était aussi un Mexicain, selon le livre Guiness des records. Manuel Uribe pesait alors 600 kilos, mais en a perdu 230 en deux ans et a créé une fondation pour venir à 15 de ses concitoyens pesant plus de 200 kilos.

Le plan Calderon contre les kilos s'inspire du programme français EPODE (Ensemble Prévenons l'Obésité des Enfants) lancé en 2004 et incitant familles, municipalités, commerçants, à promouvoir la consommation de fruits et légumes, l'activité physique et à remplacer les sodas par l'eau.

L'entreprise est d'envergure au Mexique, où toutes sortes de friandises sont souvent installés sur les étals des marchands dans la cour de récréation...

«Dans mon école on vend des quesadillas (galettes de maïs fourrées à la viande et au fromage), du riz au lait, des sodas fruités», explique Diego, 9 ans, qui reconnaît être «un petit peu gros».

Et encore, précise-t-il, c'est «moins mauvais» qu'il y a deux ou trois ans, quand on y trouvait surtout des fritures.

À l'école, Diego regrette surtout de n'avoir qu'une heure et demie de sport par semaine, «et encore, quand le maître vient, car il est souvent absent, ou quand on n'est pas puni et consigné», souligne-t-il.

Sa grand-mère, Maria Esther, s'efforce de cuisiner des menus équilibrés, avec viande peu grasse, fruits et légumes. «Mais le gamin finit toujours par me demander de lui faire une quesadilla», reconnaît-elle.

La responsable de la coopérative de l'école, Mary, a bien reçu des recommandations sur la qualité des aliments qu'elle met en vente, mais elle confesse avoir elle-même des problèmes de poids.

«J'apprends peu à peu, car on ne nous a pas appris à manger sainement. Notre nourriture est largement à base de farines et de graisse, et malheureusement les petits plats qui nous font surtout envie sont ceux qui font le plus de mal, qui nous font grossir», souligne-t-elle.

Veronica a deux fils de 9 et 10 ans, qui étudient dans un collège privé. Une campagne vient d'y être lancée pour changer les habitudes alimentaires, avec envoi de suggestions de menus aux parents, témoigne-t-elle.

«Mais le panier-repas de Maman ne me suffit pas, et à l'école, la bonne nourriture coûte très cher», rétorque un de ses fistons, Yassid, qui préfère les «petites fritures» de maïs aux fruits et salades.

Veronica se résigne, en se disant qu'au collège ses enfants ont un choix d'au moins cinq heures par semaine d'activités physiques, de la natation aux arts martiaux...