Le parti au pouvoir au Mexique envisage d'envoyer en prison les musiciens qui encensent dans leurs chansons les trafiquants de drogue.

Le projet de loi prévoit de un à trois ans de détention contre les auteurs de films ou de ritournelles faisant l'apologie de la criminalité. «La société perçoit les chansons sur la drogue comme jolies, plaisantes, sans conséquences, mais c'est le contraire» estime un parlementaire du parti Action national, Martin Arce. Ces ballades, dites «narcocorridos» évoquent le trafic de stupéfiants et la violence, et sont populaires dans les gangs concernés. Après certains crimes, elles sont laissées sur les répondeurs des policiers, accompagnées de menaces de mort.

Le député n'est pas certain de convaincre une majorité de voter son projet, qui censurerait aussi les films. «Nous ne pouvons pas accepter cela comme normal, dit-il. Nous ne pouvons pas exalter des gens qui distribuent ces produits à la jeunesse, pour les inciter à adopter ce mode de vie, dans lequel ce sont les méchants qui l'emportent».

Martin n'entend pas limiter la liberté d'expression, mais seulement combattre la criminalité. L'auteur d'un livre sur les narco-trafiquants et la musique qui les glorifient, Elijah Wald, ne partage pas son point de vue. D'après lui, c'est plus facile d'avoir son nom dans le journal en attaquant les musiciens célèbres que d'obtenir des résultats réels contre les barons de la drogue.