Les sauveteurs intensifiaient samedi leurs recherches de survivants après des coulées de boue meurtrières qui ont dévasté dans la nuit du 31 décembre un paradis touristique au sud de Rio, faisant près de quarante morts.

En raison des pluies incessantes qui se sont abattues sur la région ces derniers jours, la région d'Angra dos Reis totalise déjà 39 morts et des dizaines de disparus dans des glissements de terrain, dont 26 sur l'île d'Ilha Grande, a indiqué samedi le gouvernement de l'État de Rio dans un communiqué.

Dans la ville d'Angra elle-même, à quelque 150 km au sud de Rio, plusieurs éboulements de terrain ont fait au moins 13 morts, selon la Défense civile.

Dans l'ensemble de cet État du sud-est du Brésil, les pluies ont provoqué la mort de 60 personnes.

Sur l'île d'Ilha Grande, plus d'une centaine de sauveteurs -pompiers, équipes de la Défense civile, volontaires- accéléraient samedi leurs efforts, avec l'aide de chiens, de peur de nouveaux glissements de terrain.

Deux excavatrices ont été acheminées mais l'essentiel du délicat déblaiement est fait à la main.

Toutefois, dès vendredi, le colonel Pedro Machada, commandant des pompiers, reconnaissait que les chances de retrouver des survivants étaient «très faibles».

Les belles plages de la région d'Angra, isolées entre les montagnes couvertes de végétation tropicale et la mer aux eaux cristallines, sont une des destinations favorites des touristes étrangers et brésiliens.

Mais des pluies diluviennes ont transformé ce paradis tropical en paysage de désolation.

Selon les services météorologiques, il est tombé 236 mm de pluie sur la région d'Angra entre le 30 décembre et le 1er janvier, plus que la moyenne d'un mois entier (200 mm).

À Ilha Grande, un flanc de la montagne s'est détaché vendredi à l'aube, formant un torrent de boue, de roches et d'arbres de plusieurs centaines de mètres de large qui a dévalé la pente abrupte et enseveli une partie du petit hôtel de luxe Sankay et plusieurs maisons voisines, situées sur la plage isolée de Bananal, seulement accessible en bateau.

Par miracle, la coulée de boue a épargné l'aile de l'hôtel où logeaient les touristes. Sur les 65 personnes présentes dans l'hôtel, la très grande majorité a pu se sauver.

«Il y a eu un bruit assourdissant. Je n'avais jamais entendu quelque chose de semblable. On aurait dit un tonnerre qui ne s'arrêtait pas», a raconté au site G1 Felipe Gomes Martins, 32 ans, un voisin de la Pousada Sankay. Il a alors décidé de réveiller les huit membres de sa famille et a réussi à fuir en bateau.

La mer habituellement turquoise était marron de boue et des débris de l'hôtel et des maisons flottaient à la surface, selon un autre touriste.

Les milliers d'habitants de cette petite île sauvage et difficile d'accès, située à une heure de bateau de la ville d'Angra, sont aussi privés d'électricité, de téléphone et d'eau, et beaucoup de touristes tentaient de quitter l'île.

Le gouverneur de Rio Sergio Cabral, qui s'est rendu sur place samedi matin, a déclaré «que l'on ne pouvait plus construire près de la montagne et de la mer».

«Il faut revoir la politique d'occupation (des sols) au Brésil et à Rio et établir des limites écologiques et physiques pour empêcher une croissance exagérée», a-t-il dit.

En décembre 2002, un orage avait déjà fait 40 morts à Angra.