Le principal dirigeant de l'opposition bolivienne Manfred Reyes Villa, largement battu au premier tour de la présidentielle du 6 décembre, a fui aux Etats-Unis, au lendemain de l'émission d'un mandat d'arrêt contre lui, a affirmé jeudi le chef de l'Etat Evo Morales.

«L'information dont je dispose est que Manfred se trouve déjà aux Etats-Unis», a déclaré le dirigeant socialiste, qui avait menacé début décembre de faire arrêter M. Reyes Villa après les élections générales largement remportées par le pouvoir en place.

Un mandat d'arrêt a été émis mercredi contre M. Reyes Villa et sa femme, pour ne pas avoir répondu à une convocation judiciaire dans le cadre de la vente présumée frauduleuse de certains de leurs biens.

Selon le ministre de l'Intérieur, Alfredo Rada, le dirigeant d'opposition a fui aux Etats-Unis, via le Pérou, voisin avec lequel la Bolivie entretient des relations orageuses, sur fond de divergences idéologiques entre le socialiste Morales et son homologue péruvien Alan Garcia (centre-droit).

Jeudi, M. Morales a encore reproché à Lima de refuser d'extrader trois anciens ministres boliviens poursuivis par la justice de La Paz.

M. Reyes Villa, ex-officier militaire et ancien gouverneur de Cochabamba (centre), a porté plainte devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme en Bolivie pour persécution politique et est introuvable depuis deux semaines.

Son avocat, Daniel Humerez, dénonce un procès «politique», notamment parce que le procureur qui a émis les mandats d'arrêt, Mauricio Julio Quintana, est le neveu du ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana, très proche de M. Morales.

«Nous avons demandé la récusation de ce procureur», a affirmé M. Humerez à la presse.

Au moins cinq procédures distinctes, judiciaires ou administratives, visent l'homme politique, qui fait aussi l'objet de trois enquêtes sur sa gestion de gouverneur de Cochabamba.

L'Inspection des Finances le soupçonne notamment du détournement de 2,4 millions de dollars, et il doit aussi être entendu au sujet de la répression meurtrière d'émeutes populaires en 2003.