Le président socialiste du Venezuela, Hugo Chavez, a menacé mercredi de placer «l'ensemble des banques privées» du pays sous contrôle de l'Etat, si elles ne remplissent pas leur «mission», deux jours après la fermeture de quatre petits établissements privés, accusés d'irrégularités.

«Si je suis obligé de placer sous contrôle l'ensemble des banques privées vénézuéliennes, je le ferai. Que personne n'en doute», a assuré M. Chavez lors d'une cérémonie publique radiotélédiffusée.

«Si l'oligarchie et cette campagne (de rumeurs) qui a commencé sur internet cherchent à provoquer une ruée vers les guichets bancaires pour renverser Chavez, qu'ils ne se méprennent pas: ce qui va tomber, c'est le sytème bancaire privé. Cela va leur revenir comme un boomerang», a-t-il ajouté.

«J'ai un autre groupe de banques dans mon collimateur», a-t-il encore affirmé.

Le gouvernement a fermé provisoirement deux banques lundi et en liquidé deux autres, Banco Canarias et BanPro, pour manque de solvabilité, après les avoir placées pendant dix jours sous contrôle de l'Etat.

Mercredi, les Vénézuéliens détenteurs de comptes dans ces deux banques ont commencé à récupérer une partie de leurs fonds auprès de l'établissement public Banco de Venezuela.

Pour éviter une ruée vers les guichets, plusieurs responsables gouvernementaux vénézuéliens ont souligné la solidité du système financier national et garanti aux 750 000 clients des deux banques concernées qu'ils ne perdraient pas leur épargne.

M. Chavez, chef de file de la gauche antilibérale en Amérique latine, a encore accusé les banques privées d'avoir renoncé à remplir «leur mission» pour se spécialiser dans la «spéculation financière».

«Vous souhaitez que je nationalise les banques ? Ca ne me pose pas de problème, car les banquiers ne veulent pas accorder de prêts aux pauvres, ils ne remplissent pas leur fonction de banque», avait-il déjà dit dimanche.

Plus de 70% du secteur bancaire vénézuélien est privé, mais l'Etat s'est converti en principal acteur du marché financier avec la nationalisation en mai de Banco de Venezuela, le troisième établissement du pays qui appartenait au groupe espagnol Santander.

Depuis 2007, le gouvernement vénézuélien a lancé une politique de nationalisations de plusieurs secteurs stratégiques, comme le pétrole, dont il est le premier exportateur latino-américain, l'électricité, les télécommunications, la sidérurgie, le ciment ou les banques.