Des milieux de gauche au Pérou proches du Sentier lumineux, la guérilla d'inspiration maoïste active dans les années 1980-2000, ont lancé à Lima lundi un parti politique anti-libéral, avec pour visée une présence aux élections générales de 2011.

Le «Mouvement pour l'Amnistie et les Droits Fondamentaux» a été présenté à la presse par Manuel Fajardo et Alfredo Crespo, deux des avocats d'Abimael Guzman, le chef historique du Sentier lumineux détenu depuis 1992 et condamné à la prison à perpétuité. Le lancement s'inscrit dans la lignée d'une offensive médiatique ces derniers mois de Guzman: il a publié en septembre un livre autobiographique, a saisi la justice en vain pour assouplir sa détention en isolement, et a appelé via ses avocats à la «réconciliation nationale» post-conflit.

L'«amnistie générale» évoquée par le nouveau parti se réfère aux quelque 500 personnes encore détenues pour terrorisme, legs du conflit entre l'État et les guérillas du Sentier et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (guévariste). Ce conflit laissa 70.000 morts et disparus.

Outre des familles de détenus, quelques syndicalistes, universitaires et étudiants assistaient au lancement.

Le parti, qui collecte des signatures en vue de son dépôt légal, militera pour une «nouvelle constitution» défendant les «droits fondamentaux du peuple», les ressources naturelles, contre le néo-libéralisme et la globalisation, a déclaré Manuel Fajardo, en charge du «comité organisateur».

Le lancement marque la volonté du courant communiste ex-maoïste d'intégrer le jeu politique. Il se démarque ainsi des restes de la guérilla, alliés au narcotrafic, qui s'accrochent régulièrement avec l'armée dans des fiefs de production de coca et cocaïne, dans le sud-est et nord-est du Pérou.