Le chef de l'État putschiste au Honduras, Roberto Micheletti, a annoncé jeudi qu'il se retirera du pouvoir du 25 novembre au 2 décembre, pour donner priorité à la présidentielle prévue le 29 novembre et dont le président déchu Manuel Zelaya réclame le report.

«J'ai décidé de suspendre l'exercice de mes fonctions publiques pour une période qui pourrait aller du 25 novembre au 2 décembre, décision que je prendrai après consultation des différents secteurs», a déclaré à la radio et à la télévision M. Micheletti, promu chef de l'État après le coup d'État qui a chassé M. Zelaya le 28 juin. «Mon but, avec cette mesure, est que l'attention de tous les Honduriens et Honduriennes se concentre sur le processus électoral et non sur la crise politique», a-t-il ajouté.

M. Zelaya venait de réclamer le report de la présidentielle, pour qu'elle puisse être «légitimée» par le pays et à l'étranger, où la plupart des pays latino-américains ont décidé de ne pas en reconnaître le résultat tant que l'ordre constitutionnel antérieur au coup d'État ne serait pas rétabli.

«Micheletti n'a pas renoncé, c'est une manoeuvre grossière, il tente lourdement de dissimuler qu'il souille le processus électoral, qu'il souille la démocratie hondurienne», a réagi le président déchu à l'antenne de Telesur, la télévision lancée en 2005 par le président vénézuélien Hugo Chavez avec l'Argentine, Cuba et l'Uruguay.

M. Zelaya avait annoncé un peu plus tôt qu'il allait «contester légalement» la présidentielle si elle est organisée avant un vote du Congrès sur son retour au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat, le 27 janvier 2010.

Le Congrès (monocaméral) a fixé au 2 décembre ce vote prévu --sans précision de date-- dans un accord signé entre M. Zelaya et M. Micheletti, promu président après le coup d'État, mais M. Zelaya veut être rétabli dans ses fonctions avant la présidentielle.

Les États-Unis ont affirmé mercredi qu'ils ne voyaient pas d'inconvénient à ce que la présidentielle au Honduras soit organisée avant un vote préalable du Congrès.

Le porte-parole du département d'État, Ian Kelly, a toutefois dénoncé jeudi «de nombreuses atteintes aux droits de l'Homme depuis le coup d'État», et notamment des «arrestations arbitraires» et «des attaques contre les médias».

Il a relevé par ailleurs que le gouvernement hondurien de fait avait «manqué la seule date-limite prévue par l'accord de réconciliation du 30 octobre», qui lui imposait de mettre en place un gouvernement d'union nationale au plus tard le 5 novembre.

À Tegucigalpa, où les partisans de M. Zelaya ont déjà menacé d'un boycott de la présidentielle, M. Micheletti a appelé le président déchu à «éviter que la moindre goutte de sang soit versée» à l'occasion du scrutin.

Son gouvernement a également annoncé que la police et l'armée, un peu plus de 30.000 hommes, étaient prêtes à assurer le bon déroulement des élections.