Le Brésil a réussi à faire reculer la malnutrition de manière spectaculaire grâce à son programme «Faim zéro», un succès que le président Luiz Inacio Lula da Silva a mis en avant lundi au sommet sur la sécurité alimentaire à Rome en dépit d'énormes défis encore à venir.

Le Brésil a réussi à faire reculer la malnutrition de manière spectaculaire grâce à son programme «Faim zéro», un succès que le président Luiz Inacio Lula da Silva a mis en avant lundi au sommet sur la sécurité alimentaire à Rome en dépit d'énormes défis encore à venir.

En six ans, la malnutrition a reculé de 73% et la mortalité infantile de 45%, selon les données de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du rapporteur spécial de l'ONU pour le Droit à l'Alimentation, Olivier de Schutter.

En 2003, début du premier mandat de Lula, le Brésil a réuni sous le label «Faim Zéro» des dizaines de programmes sociaux qui vont de la construction de citernes dans des zones de sécheresse, au crédit rural et à la distribution de nourriture.

Les plus importants, adoptés par la suite dans de nombreux pays d'Afrique et d'Amérique latine, sont la «Bolsa Familia» (Bourse famille), une allocation de 55 dollars mensuels attribuée aux familles les plus pauvres à la condition que leurs enfants aillent à l'école, et la distribution de goûters pour 37 millions d'enfants dans les écoles.

Aujourd'hui 12,4 millions de familles reçoivent la Bolsa Familia, qui représentent le quart des 190 millions de Brésiliens.

Le Brésil a d'ailleurs reçu les éloges de la FAO pour son action dans la lutte contre la faim, axe des politiques sociales du pays depuis l'arrivée au pouvoir de Lula en janvier 2003.

«Nous espérons qu'à la fin du sommet de la FAO, quand les présidents et les premiers ministres rentreront chez eux, ils lanceront leurs propres «Faim Zéro» et aideront les autres pays à faire de même. Lula peut montrer aux autres gouvernements qu'avec un engagement politique, il est possible d'obtenir des progrès rapides alliant programmes sociaux et appui à la petite agriculture», a déclaré à l'AFP Andrew Macmillan, ex-directeur du département des opérations de la FAO.

«De 2003 à 2008, la proportion de pauvres au Brésil est passée de 28% à 16%. Cela signifie que 19,3 millions de personnes sont sortis de la pauvreté», a expliqué à l'AFP Marcelo Neri, chef du Centre des politiques sociales de la Fondation Getulio Vargas.

Le spécialiste cite plusieurs facteurs clé: «quatre mandats consécutifs de présidents ayant une bonne politique économique et sociale, dans les années 90 l'accès à l'éducation s'est universalisé et l'économie s'est stabilisée; ces six dernières années il y a eu un croissance économique et une hausse du salaire minimum, 8,5 millions d'emplois formels ont été créés, et il y a eu une grande expansion des programmes sociaux».

D'énormes problèmes structuraux persistent néanmoins, comme le manque de formation de qualité et de création d'emploi dans les secteurs les plus pauvres, selon Roberto Nascimento, spécialiste en études sociales à l'université fédérale de Minas Gerais.

Au Brésil, une famille riche dépense en trois jours ce qu'une famille pauvre dépense en un an, et il faudrait vingt ans pour atteindre un niveau qui pourrait être considéré comme juste, a révélé récemment le Centre d'enquêtes économiques.

Géant de la production alimentaire et un des rares pays à posséder encore de grandes surfaces de terres cultivables, le Brésil reste paradoxalement une des nations les plus inégalitaires au monde et une de celles avec la plus grande concentration de la propriété, a dénoncé récemment le rapporteur de l'ONU pour le droit à l'Alimentation.