Le camp du président déchu, Manuel Zelaya, a accusé vendredi matin le président de facto Roberto Micheletti d'avoir torpillé l'accord de sortie de crise politique au Honduras, selon l'un de ses conseillers.

Dix minutes avant l'expiration de l'heure-limite (vendredi 06H00 GMT) pour le rétablissement de M. Zelaya dans ses fonctions, Roberto Micheletti avait annoncé en pleine nuit la formation d'un gouvernement d'«union nationale» aux termes de l'accord de sortie de crise, sans les ministres de Manuel Zelaya.

«L'accord a été mis en échec par la faute de Micheletti (...) et il n'a pas convoqué le Congrès national» pour voter le rétablissement au pouvoir du président déchu, a déclaré Jorge Arturo Reina, membre de la Commission de vérification de l'accord de sortie de crise conclu par MM. Micheletti et Zelaya.

L'annonce du président de facto dans un discours à la radio-télévision a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Assurant que le «gouvernement d'union et de réconciliation» respectait les termes de l'accord, Roberto Micheletti avait cependant précisé que celui-ci ne comprenait aucun ministre de son rival réfugié à l'ambassade du Brésil.

«Je suis fier d'annoncer cette nuit que nous avons parachevé la formation d'un gouvernement d'union et de réconciliation dans les limites» fixées par l'accord de sortie de crise, a déclaré Roberto Micheletti, porté au pouvoir par les putschistes.

Manuel Zelaya s'était refusé à présenter des candidats à la charge de ministre tant qu'il n'était pas rétabli officiellement dans ses fonctions présidentielles, «annulant (ainsi) les effets du coup d'État».

Le Congrès national (monocaméral) aurait dû voter sur le retour de Manuel Zelaya à la présidence, dont le principe est inscrit dans l'accord, mais la date de la session parlementaire n'a pas été fixée, les députés étant en vacances parlementaires.

«La communauté internationale devra étudier quelles sont les mesures à prendre» après l'échec de l'accord de sortie de crise, a déclaré Manuel Zelaya.

Cependant, «celui qui approuve la violence commettrait une grave erreur», a-t-il ajouté en faisant allusion à une série d'attentats perpétrés dans le pays, notamment contre la radio HRN (proche des putschistes) et contre le maire de La Virtud, une localité de l'ouest du pays.

Manuel Zelaya, renversé et expulsé du Honduras le jour où il avait organisé une consultation populaire envisageant une réforme de la Constitution qui interdit à un président de briguer un second mandat, est toujours réfugié à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où il est revenu le 21 septembre par surprise, suscitant la joie de ses partisans dans la capitale.

Le mandat de Manuel Zelaya expire le 27 janvier 2010, date d'entrée en fonction du nouveau président qui doit être désigné par l'élection présidentielle prévue le 29 novembre, couplée avec des législatives.