Le dirigeant historique cubain Fidel Castro a accusé mercredi l'administration de Barack Obama de traiter avec un «mépris» inégalé l'Amérique latine en signant un accord controversé avec la Colombie pour l'utilisation d'au moins sept de ses bases militaires.

Cet accord, «qui menace non seulement le Venezuela mais tous les pays d'Amérique centrale et du Sud», «n'est pas un acte du gouvernement de (George W.) Bush; c'est Barack Obama qui a souscrit à cet accord, violant les normes légales, constitutionnelles et éthiques», écrit Fidel Castro dans un billet en rappelant que les États-Unis disposent d'une base militaire au Honduras où s'est déroulé récemment un coup d'État. «Jamais on a traité avec autant de mépris les peuples latino-américains», estime-t-il dans une «réflexion» publiée sur le site officiel Cubadebate.cu.

«Un pays comme Cuba sait très bien que quand les États-Unis imposent une de leurs bases militaires, ils partent s'ils le veulent ou restent par la force comme cela est le cas depuis plus de cent ans avec Guantanamo», base navale américaine dans le sud-est de l'île communiste, poursuit l'ancien président cubain, âgé de 83 ans.

Fidel Castro estime que la lutte contre la drogue évoquée par Washington et Bogota pour la signature de cet accord n'est qu'un prétexte, les «bases militaires américaines étant apparues en Amérique latine bien avant les drogues, à des fins interventionnistes».

En vigueur pendant dix ans, cet accord, signé vendredi dernier à Bogota, doit permettre à l'armée américaine de faire usage - pour la lutte contre le narcotrafic et les guérillas - d'au moins sept bases en Colombie, pays comptant des frontières avec le Venezuela, l'Equateur, le Brésil, le Pérou et Panama.

Ennemi déclaré de Washington depuis un demi-siècle, Fidel Castro promet par ailleurs dans ce billet de «continuer à lutter sans fin pour la liberté» des cinq Cubains condamnés en 2001 aux États-Unis à de lourdes peines de prison pour espionnage contre les milieux anticastristes de Miami.