Le délégué du gouvernement américain pour l'Amérique latine, Thomas Shannon, a entamé mercredi des consultations au Honduras avec les deux camps rivaux de ce pays d'Amérique centrale, scindé en deux depuis un coup d'État le 28 juin, ont constaté des journalistes de l'AFP.

M. Shannon a rencontré à l'ambassade des États-Unis à Tegucigalpa les délégations du gouvernement putschiste de Roberto Micheletti et du président déchu Manuel Zelaya. Il s'est ensuite entretenu avec celui-ci à l'ambassade du Brésil, refuge du président déchu depuis son retour clandestin au Honduras le 21 septembre, puis avec M. Micheletti.

M. Shannon, arrivé en fin de matinée à Tegucigalpa sur une décision de la secrétaire d'État Hillary Clinton, est chargé d'une nouvelle tentative de relance des négociations pour sortir le pays de sa crise politique née du coup d'État.

À l'approche de la présidentielle, prévue le 29 novembre et qu'ils ont appelé mercredi à ne pas rejeter d'avance, les États-Unis ont entrepris de jouer un plus grand rôle dans les négociations menées jusqu'ici par l'Organisation des États américains (OEA).

M. Zelaya est sorti conforté de son entretien avec M. Shannon: les émissaires américains «considèrent votre serviteur comme président des Honduriens», a-t-il déclaré à l'AFP.

Ils ont répété qu'ils «ne reconnaîtraient pas» la présidentielle du 29 novembre s'il n'était pas rétabli préalablement à la présidence dont il a été chassé dans le coup d'État, a-t-il ajouté.

Au même moment, le représentant américain auprès de l'OEA, Lewis Amselem, a toutefois appelé l'organisation continentale à ne pas rejeter le résultat de la présidentielle avant d'examiner les conditions dans lesquelles l'élection aura lieu.

La solution à la crise, a insisté M. Zelaya, passe par l'acceptation par M. Micheletti du «point 6» du plan dit de San Jose, proposé en juillet par le président costaricien Oscar Arias et qui prévoit le retour au pouvoir du président déchu, jusqu'à la fin de son mandat le 27 janvier 2010.

Le camp de M. Micheletti a appelé à la reprise des pourparlers entre les deux camps, suspendus vendredi, quand le camp Zelaya a rejeté la proposition du gouvernement putschiste de former un gouvernement de transition et dénoncé son refus persistant du retour au pouvoir du président déchu.

Pas question de dialoguer «sans la signature préalable d'un acte de rétablissement de M. Zelaya dans ses fonctions», a répondu la délégation du président déchu.

Pour Washington, il devient «urgent» de parvenir à un accord permettant d'organiser une élection «ouverte et transparente», avait déclaré le porte-parole du département d'État, Ian Kelly, avant le départ de la délégation de M. Shannon au Honduras.

Mais peu après l'arrivée de la délégation américaine, le camp Micheletti a annoncé, comme un nouveau signe de sa détermination face à la pression internationale, qu'il citait le Brésil devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye pour avoir accueilli M. Zelaya dans son ambassade à Tegucigalpa.