Des centaines de policiers traquaient lundi à Rio les narcotrafiquants qui ont abattu un hélicoptère de la police, une action spectaculaire et inédite des gangs dans la ville choisie pour accueillir les JO de 2016.

Cette opération visait à contrer la puissance de feu grandissante des trafiquants qui contrôlent un grand nombre des mille favelas de Rio, dont l'image de «ville merveilleuse» a été écornée dans le monde par la flambée de violences du week-end.

«Près de 2000 hommes se trouvent lundi dans la zone» nord, non loin du célèbre stade Maracana, dominée par de nombreuses favelas accrochées aux collines, a déclaré à l'AFP le lieutenant Marlisa Amorim, une porte-parole de la police militaire.

Les affrontements armés entre gangs rivaux et la police dans les quartiers populaires du nord de la ville ont fait dix-sept morts, dont trois policiers. Outre deux policiers morts carbonisés dans l'explosion de l'hélicoptère abattu, un troisième, gravement brûlé, est décédé lundi.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a condamné lundi ces «actes irresponsables» de violences et a proposé l'aide de son gouvernement aux autorités de Rio.

«Ce sont souvent des innocents qui payent et nous travaillons avec le gouverneur (...) pour améliorer la situation dans les favelas, pour réduire la violence « et «nettoyer la saleté» qui donne une image négative du Brésil, a ajouté Lula.

La «guerre du trafic», comme la qualifient les autorités, a commencé lorsqu'une faction de trafiquants venus d'une favela voisine a tenté d'envahir la favela «Morro dos Macacos» contrôlée par une faction rivale.

Cette incursion aurait été ordonnée par un chef du trafic de stupéfiants de Rio détenu dans une prison de haute sécurité dans l'État du Parana (sud), désireux de reprendre avec sa faction le contrôle du trafic dans cette communauté.

Les gangs de trafiquants disposent d'armes de guerre de plus en plus meurtrières, selon les autorités.

Le secrétaire à la Sécurité de l'État de Rio, José Mariano Beltrame, a ainsi indiqué qu'une arme de guerre de calibre 30 (7,62 mm) ou une mitrailleuse de calibre 50 (12,7mm) aurait été utilisée contre l'hélicoptère.

«La puissance de feu des trafiquants de Rio est effrayante. Les bandits ont maintenant des armes capables d'abattre de petits avions. C'est la première fois, à Rio et au Brésil, qu'ils abattent un hélicoptère en opération», a déclaré à l'AFP, Dilson Ferreira Anaide, président de l'Association des officiers militaires de l'État de Rio.

D'après cet officier, «dans un pays des dimensions du Brésil aux frontières mal surveillées, il est facile de faire entrer des armes et de la drogue».

«Et des armes puissantes finissent entre les mains de groupes» de narco-trafiquants, a-t-il affirmé.

«Cet épisode a été terrible pour l'image de la ville qui accueillera le Mondial en 2014 et les JO en 2016», a-t-il également estimé.

En mai 2007, peu après sa prise de fonctions, l'actuel gouverneur de l'État, Sergio Cabral, avait ordonné une offensive massive contre le crime organisé.

Des opérations policières de grande ampleur sont menées régulièrement dans les favelas et se soldent souvent par plusieurs morts, parfois des innocents, attirant les critiques des associations des Droits de l'Homme.

Parmi les quatorze présumés trafiquants tués pendant le week-end, trois victimes étaient des jeunes qui rentraient d'une fête. La police a reconnu lundi qu'il ne s'agissait pas de trafiquants.