D'influents juristes cubains ont plaidé pour une levée par le gouvernement de Raul Castro de certaines restrictions pour les émigrants cubains, tout en liant ce dossier à une amélioration des liens avec Washington, a rapporté une revue cubaine.

«Une relation normale entre les États-Unis et Cuba permettrait un meilleur exercice de ce droit (à la libre circulation) dans le pays (...) et peut-être certaines restrictions ou exigences pourraient être éliminées», a déclaré Jorge Bodes, conseiller au ministère de la Justice cubain, dans le cadre d'une table ronde d'experts et conseillers du gouvernement organisée par la revue trimestrielle Tema.

Il a notamment souligné que la confiscation par les autorités des biens de ceux ayant quitté l'île communiste «n'avait plus aucun sens actuellement». Cette mesure avait été décidée peu après la Révolution de 1959 et l'exode de milliers de Cubains qui appuyaient la dictature de Fulgencio Batista.

Les juristes se sont également prononcé contre la mesure interdisant l'entrée sur l'île de tout Cubain ayant quitté illégalement son pays après la signature des accords migratoires en 1995 avec les États-Unis.

Selon cet accord visant à prévenir un exode massif de Cubains vers les États-Unis comme en 1994, les Américains - qui ont rompu en 1961 leurs relations diplomatiques avec Cuba - accordent 20 000 visas par année aux Cubains.

Président du Comité consultatif cubain pour le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, Miguel Alfonso a estimé que «certaines restrictions n'étaient pas faciles à comprendre».

Il notamment a évoqué cette mesure cubaine exigeant de ceux qui ont émigré et adopté la nationalité de leur pays d'accueil qu'ils continuent de présenter un passeport cubain pour pouvoir visiter leurs proches restés sur l'île, étant donné que la loi cubaine ne reconnaît pas la double nationalité.

Les restrictions migratoires, et notamment la levée du «permis de sortie» exigé par les autorités cubaines, avaient été un des sujets les plus contestés par les Cubains lors d'un débat national organisé en 2007 par le président Raul Castro qui venait de prendre la relève de son frère Fidel, malade.