Les négociations sous l'égide de l'Organisation des États américains (OEA) ont tourné au dialogue de sourds jeudi au Honduras, où le chef du gouvernement putschiste Roberto Micheletti a réaffirmé son opposition au retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya.

Ses déclarations ont fait l'effet d'une douche froide mercredi soir, deux jours après qu'il eut pour la première fois envisagé le retour au pouvoir de M. Zelaya, réclamé par la communauté internationale.

«Nous sommes modérément optimistes. Il y a un durcissement des positions. Mais même avec l'inflexibilité affichée par Micheletti, nous continuons à croire que le dialogue est la solution à la crise», a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Salvador, Hugo Martinez.

Malgré le départ jeudi de la délégation ministérielle de l'OEA, organisation basée à Washington, les négociations entre les représentants des deux parties se sont poursuivies dans un hôtel de la capitale, Tegucigalpa.

Les représentants de M. Zelaya se sont donnés jusqu'au «15 octobre» pour parvenir à un accord avec le gouvernement putschiste, selon Victor Meza, un des trois négociateurs du président déchu. «Mais nous venons de commencer», a-t-il ajouté.

«Le gouvernement putschiste n'a pas cédé pour le moment. Le dialogue est au point mort, nous n'avons avancé en rien, mais nous allons continuer à discuter, avec fermeté sur le point du retour de Zelaya au pouvoir», a ajouté le leader syndical Juan Barahona, un autre négociateur de M. Zelaya.

Le président déchu avait demandé mercredi à être rétabli dans ses fonctions avant le 15 octobre, faute de quoi il exigerait un report des élections législatives et présidentielle du 29 novembre.

M. Zelaya a accusé M. Micheletti de «conduire le pays droit dans le mur».

Il avait reçu mercredi soir la visite de la délégation de l'OEA à l'ambassade du Brésil, où il est réfugié depuis son retour clandestin le 21 septembre.

Suite à cette visite, la mission de l'OEA a «formellement» demandé au gouvernement putschiste qu'il autorise le transfert du président déchu vers un «endroit digne, en lien avec son rang», selon John Biehl, conseiller du secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza.

Les négociations relancées par l'OEA ont pour fondement l'accord de San José proposé en juillet par le président du Costa Rica Oscar Arias, pour tenter de mettre fin à la crise politique née du coup d'État du 28 juin.

Outre le retour au pouvoir de M. Zelaya jusqu'à la fin de son mandat, le 27 janvier 2010, ce plan prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale et une amnistie pour les délits politiques commis avant et pendant le coup d'État.

Selon un sondage de l'institut COIMER & OP publié jeudi, 52,7% des Honduriens sont «contre» le coup d'État qui a renversé M. Zelaya (17,4% pour, 29,9% sans opinion), 51,6% sont pour son rétablissement dans ses fonctions (33% contre, 15,4% sans opinion) et 66,4% pour la tenu d'élections le 29 novembre.