Le gouvernement putschiste du Honduras a signé un décret rapprochant le pays d'un état de siège et interdit d'entrée quatre représentants de l'OEA dimanche, menaçant aussi de retirer le statut diplomatique à l'ambassade du Brésil où s'est réfugié Manuel Zelaya.

Le gouvernement a décidé d'«interdire toute réunion publique non autorisée», «empêcher l'émission par n'importe quel média de programmes portant atteinte à la paix», a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé vers 20h00 par toutes les télévisions. Le gouvernement précise aussi que les policiers et militaires pourront arrêter toute personne jugée suspecte.

Il ajoute que le texte doit encore être adressé au Congrès pour être ratifié. Selon le décret que l'AFP a pu consulter, ces mesures, s'apparentant à un état de siège, seraient en vigueur pendant 45 jours.

Sa signature intervient presque une semaine après le retour clandestin au Honduras, le 21 septembre, de Manuel Zelaya, destitué et expulsé le 28 juin.

En dépit de mesures de couvre-feu, des milliers de partisans de «Mel», son surnom, ont depuis manifesté tous les jours dans le pays, en s'opposant rarement toutefois aux forces de l'ordre.

Manuel Zelaya est pour sa part resté retranché au sein de l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa.

À la mi-journée, cinq membres de l'Organisation des États américains (OEA), dépêchés dans le cadre d'une mission préparatoire de médiation, ont en outre été «détenus pendant six heures» à l'aéroport de Tegucigalpa, dont quatre expulsés ensuite du Honduras, selon l'un d'entre eux, le seul qui a pu rentrer dans le pays.

«Nous avons été détenus à l'aéroport. Il y avait dans l'équipe deux Américains, un (bien un) Canadien, un Colombien et moi-même», a déclaré à l'AFP John Biehl, conseiller du secrétaire général de l'OEÀ Jose Miguel Insulza.

«Un des membres de l'équipe a été reconduit directement vers les États-Unis. Les trois autres l'auraient été vers le Costa-Rica», a-t-il ajouté, une information qui a par la suite été confirmée par l'OEÀ dans ce pays.

«Nous avons été enfermés pendant six heures (...); comme Chilien, je dois dire que cela m'a rappelé de très mauvais souvenirs», a-t-il ajouté en évoquant la dictature d'Augusto Pinochet.

Le diplomate a précisé qu'il devait aussi être expulsé, mais qu'un militaire en civil était venu le chercher et lui avait demandé s'il souhaitait rester.

La mission avait pour but de préparer une médiation pour mettre fin à la crise politique opposant le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti à Manuel Zelaya.

Jeudi, le gouvernement de facto a annoncé qu'il souhaitait le report de cette mission.

Par ailleurs, selon une source diplomatique, deux fonctionnaires de l'ambassade d'Espagne ont également été empêchés d'entrer.

Les représentants d'Argentine, d'Espagne, du Mexique et du Venezuela seront en outre interdits d'entrée faute d'établissement de relations avec le gouvernement de facto, a aussi annoncé celui-ci en invitant les agents des pays mentionnés à remettre immédiatement «leurs accréditation, plaques véhiculaires» et à retirer «de toute urgence» des locaux qu'occupaient les ambassades «les plaques et drapeaux identifiant ces États».

Le gouvernement de facto a enfin sommé le Brésil de faire «immédiatement» cesser les appels à la violence lancés selon lui depuis l'ambassade brésilienne par Manuel Zelaya et lui a demandé de définir dans un délai «de dix jours» le «statut» de son invité.

«Si dans les dix jours le statut de Manuel Zelaya n'a pas été défini, la représentation (du Brésil ndlr) perdra sa condition diplomatique», a précisé dimanche le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de facto Carlos Lopez Contreras.