Les Honduriens ont repris jeudi le chemin du travail, après trois jours de paralysie du pays liée au retour surprise du président déchu Manuel Zelaya toujours retranché dans l'ambassade du Brésil, pendant qu'à l'étranger les efforts pour régler la crise s'intensifiaient.

À six heures du matin (08H00 HAE) le couvre-feu imposé par le gouvernement du président de facto Roberto Micheletti après l'annonce de retour de Manuel Zelaya, déjà allégé mercredi, a été levé.

«Nous demandons aux fonctionnaires et aux employés (du secteur privé) de reprendre leurs activités», avait déclaré mercredi soir le gouvernement de facto dans un message diffusé par les médias.

Dès l'aube, des bus bondés circulaient dans la capitale, tandis que la radio annonçait la réouverture des aéroports.

«Grâce à Dieu, le couvre-feu a été levé. Il est temps que l'on trouve une solution (...) que nous reprenions les études, le travail», déclarait Kenya, étudiante en médecine de 21 ans. Zelaya «doit sortir, et s'il est poursuivi par la justice, il doit se rendre», ajoutait-elle.

«Le gouvernement a compris que le couvre-feu était très dommageable : les entreprises étaient touchées, le pays était paralysé», expliquait une retraitée de 68 ans, Marta, favorable au président déchu.

Pendant ce temps, Manuel Zelaya, qui avait souhaité dialoguer «en personne» avec son rival, assurait que cette offre était restée lettre morte, en accusant les forces de l'ordre de chercher à le faire faiblir.

«Le régime n'a pas accepté de dialoguer... la seule réponse a été le plomb», a déclaré le président, joint au téléphone.

«Ils (la police et l'armée encerclant l'ambassade du Brésil, ndlr) rationnent les aliments et ne laissent pas passer notre famille. Nous recevons des messages (nous) dénigrant sur nos téléphones portables», a affirmé M. Zelaya. «On nous attaque avec des bruits, des menaces», a-t-il ajouté évoquant une forte détonation, entendue vers 02H00 (04H00 HAE).

Un porte-parole de la police interrogé par l'AFP a démenti tout acte d'intimidation et affirmé que les forces de l'ordre permettaient l'entrée de vivres et de vêtements dans l'ambassade, sans restrictions.

Tandis que les efforts diplomatiques se poursuivaient pour mettre fin à la crise, le Fonds monétaire international (FMI), qui avait suspendu ses relations avec le Honduras après le coup d'État du 28 juin, a pris position pour le président déchu en soulignant «qu'il reconnaîtrait le gouvernement du président Zelaya comme gouvernement du Honduras».

La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID) avaient déjà gelé leurs prêts ou leurs crédits au pays au lendemain du coup d'État.

Le Honduras est de plus en plus isolé internationalement. Mercredi, l'ONU lui a signifié la suspension de son assistance technique en vue de l'élection présidentielle, annoncée pour le 29 novembre.

Jeudi, le président mexicain Felipe Calderón, l'Argentine Cristina Kirchner et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero ont affirmé que seule «une issue négociée entre les parties», était envisageable.

La veille, l'OEÀ (Organisation des États américains) avait annoncé qu'elle dépêcherait vendredi ou samedi une mission de médiation au Honduras, comprenant aussi le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos.

La normalité relative retrouvée dans les rues de la capitale, semblait cependant fragile en fin de matinée, les partisans de Roberto Micheletti s'organisant pour manifester en sa faveur, à partir de 10H00 (16H00 GMT), faisant craindre des affrontements avec leurs opposants.

Selon la police, aux moins deux personnes ont été tuées depuis lundi, dans les troubles ayant suivi le retour du président déchu.