«Qu'ils se mettent d'accord ou nous mourrons de faim!»: au Honduras, après le retour clandestin du président déchu Manuel Zelaya, de nombreux habitants ont appelé gouvernement de facto et «résistance» à ne pas prolonger une crise qu'ils jugent désormais insoutenable.

Après avoir décrété, lundi soir, un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes, le gouvernement de facto de Roberto Micheletti a allégé mercredi ces mesures, et autorisé les Honduriens à se rendre dans les supermarchés, les stations essence et les banques.

Pendant que des milliers de manifestants marchaient à nouveau pour Zelaya dans les rues de la capitale, les commerces ont été pris d'assaut par des clients angoissés par l'avenir incertain de leur pays.

À Tegucigalpa, un photographe de l'AFP a assisté au saccage d'un supermarché, tandis que des files interminables de voitures se formaient devant les stations essence.

Sur les ondes, les autorités appelaient les habitants au calme.

«Qu'ils se mettent d'accord. Car ceux qui sont affectés ici sont les gens pauvres. Nous sommes en train de mourir de faim», criait un homme interrogé par Radio America, tandis que le journaliste tentait de l'apaiser en lui promettant que le Honduras «n'est pas entrain de sombrer». 

«C'est nous les pauvres, qui sommes obligés d'acheter un jour après l'autre», faute de liquidités pour faire les grandes provisions qu'impose un couvre-feu, déclarait aussi à l'AFP Glenda Torres, en tentant d'expliquer à quel point cette mesure pouvait affecter les plus démunis, payés à la journée et incapables de faire des provisions pour plus de deux jours.

«Le problème ici c'est qu'aucune des parties ne cède et nous les Honduriens nous voulons que cela cesse», ajoutait-t-elle.

Depuis le renversement de Manuel Zelaya, le 28 juin, les écoles ont quasiment fermé, les exportations ont chuté et le commerce formel ou non, perturbé par les nombreuses manifestations pour ou contre Zelaya, s'est vu très affecté.

«J'ai perdu beaucoup d'argent en raison de la situation», expliquait ainsi Rubén Antares, propriétaire d'un minibus de transport scolaire.

Dans un supermarché d'un quartier huppé de la capitale, certains rayons de produits de première nécessité - sucre, farine de mais, poulet - s'étaient vidés mercredi en fin de journée.

Au rayon des oeufs, Fanny Rivas, 34 ans, posait sa main sur les quatre dernières barquettes de 15 oeufs, en attendant qu'un proche la rejoigne avec un caddy, pour éviter qu'un autre acheteur les prenne. «Ce que je crains, c'est un bain de sang», assurait cette comptable favorable au gouvernement de facto en surveillant la précieuse marchandise.

Mercredi soir, le gouvernement a annoncé que le couvre-feu, en vigueur à nouveau à partir de 16H00 (18H00 HAE), serait levé jeudi matin, à 6H00 (8H00 HAE), pour permettre un retour à la normale.