Le président déchu du Honduras Manuel Zelaya a réussi à la surprise générale à rentrer lundi à Tegucigalpa, où il a trouvé refuge à l'ambassade du Brésil, un peu moins de trois mois après avoir été chassé en pyjama de son pays par les militaires.

M. Zelaya est resté discret sur les modalités de son retour dans son pays, où il avait déjà tenté en vain de rentrer à deux reprises depuis le coup d'État du 28 juin, condamné par l'ensemble de la communauté internationale. Le 5 juillet, il avait dû se contenter de survoler en avion la piste de l'aéroport de Tegucigalpa bloquée par l'armée. Le 24 juillet, il avait brièvement franchi à pied la frontière entre le Honduras et le Nicaragua, avant de retourner dans son pays d'asile depuis le coup d'État.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a assuré que son pays n'avait «joué aucun rôle» dans le retour du président déchu et s'était contenté de répondre favorablement à sa demande d'asile dans son ambassade.

M. Zelaya a immédiatement appelé «le peuple hondurien» à se réunir autour de l'ambassade, au cours d'une conférence de presse dans les locaux de l'ambassade.

«Les forces armées doivent tourner leurs fusils contre les ennemis du peuple, pas contre le peuple», a-t-il lancé aux militaires.

Dans une interview à la chaîne de télévision internationale CNN en espagnol, il a assuré que ses intentions étaient «pacifiques» et qu'il voulait établir «le dialogue».

Son retour survient à un moment où le dialogue avec le gouvernement de facto était justement dans une impasse depuis l'échec de la médiation internationale du président du Costa Rica, Oscar Arias.

Celle-ci avait achoppé sur le retour au pouvoir de M. Zelaya au sein d'un gouvernement d'union nationale, refusé par les autorités en place à Tegucigalpa depuis le coup d'État, malgré les pressions croissantes de la communauté internationale, entre suppressions de visas et de plusieurs programmes d'aide.

Le gouvernement de facto de Roberto Micheletti avait aussi confirmé l'organisation de l'élection présidentielle à la date prévue du 29 novembre, bien que la plupart des pays étrangers aient déjà annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ce scrutin.

Le retour surprise de M. Zelaya survient au lendemain de son 57e anniversaire et à 48 heures de l'Assemblée générale des Nations unies à New York mercredi, où il est en principe inscrit sur la liste des orateurs.

Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza, a averti les autorités de fait qu'elles étaient «responsables de la sécurité» de M. Zelaya et de l'ambassade du Brésil.

M. Insulza devrait arriver très rapidement à Tegucigalpa pour «commencer le dialogue» de sortie de crise, selon M. Zelaya. L'OEÀ n'a pas donné de confirmation officielle, mais a annoncé une réunion extraordinaire de son Conseil permanent à Washington à 16H30 heure locale (20H30 GMT) sur la situation au Honduras.

Le porte-parole du département d'État américain, Ian Kelly, a, lui «réitéré» son «appel au calme quasi quotidien à l'attention des deux parties», tout en rappelant que, pour Washington, M. Zelaya «est le dirigeant constitutionnel et démocratiquement élu du Honduras».

Le gouvernement de facto n'avait toujours pas réagi en début d'après-midi à la confirmation du retour du président déchu, qu'elles avaient d'abord démenti.

M. Micheletti avait déclaré dans la matinée que les informations sur un retour de M. Zelaya relevaient du «terrorisme médiatique».