L'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega a adressé samedi une demande de grâce au président Nicolas Sarkozy, dernière tentative en date pour éviter son extradition vers la France où il est poursuivi pour blanchiment d'argent, a annoncé son avocat.

«Les autorités françaises savaient où se trouvait en 1999 le général Noriega lorsqu'elles l'ont jugé par contumace. Elles auraient pu demander une extradition temporaire», a expliqué à l'AFP Giovanni di Stefano, mandaté par Noriega pour déposer sa requête.

«Elles ne l'ont pas fait bien sûr, parce que si le général Noriega était jugé correctement, les quatre banques françaises qui ont aidé au blanchiment de l'argent auraient été emportées dans un scandale plus grand que celui du Crédit Lyonnais à l'époque», a-t-il ajouté.

Agé de 75 ans, l'ancien homme fort du Panama est détenu en Floride, dans le sud-est des Etats-Unis, - où il a purgé, jusqu'en septembre 2007, une peine de dix-sept ans de prison pour trafic de drogue - dans l'attente des décisions concernant son extradition, réclamée par la France il y a deux ans.

La justice française l'a condamné en 1999 à dix ans de prison pour diverses accusations mais souhaite organiser un nouveau procès pour blanchiment d'argent.

«Les accusations pour lesquelles le requérant a été condamné en France le 1er juillet 1999 sont une reproduction exacte des chefs d'accusation pour lesquels le requérant a été condamné aux Etats-Unis», souligne notamment la demande de grâce en vertu de l'article 17 de la Constitution française, dont l'AFP a obtenu copie.

Une demande de grâce qui est requise notamment «au vu de sa réinsertion et de son repentir universellement reconnus, au vu de son âge, au vu du coût inutile d'un nouveau procès pour le contribuable français».

Mais surtout, au vu du fait qu'«il a déjà effectué sa peine aux Etats-Unis. Il a servi plus de dix ans pour les mêmes infractions», a poursuivi son avocat. «Et avons-nous besoin de nous souvenir qu'en 1982, les banques françaises étaient indulgentes, qu'elles aidaient de nombreux dictateurs», a ajouté l'avocat qui a contribué dans le passé à la défense des présidents irakien Saddam Hussein et serbe Slobodan Milosevic.

«Si le général Noriega devait être transféré en France, les banquiers aussi feraient face à un procès à ses côtés pour complicité», a relevé M. di Stefano.

Selon le document adressé par fax samedi au palais de l'Elysée, le général a été condamné pour avoir blanchi de l'argent dans quatre banques françaises entre 1982 et 1989 sans qu'un membre de leur personnel ne soit inculpé, ni aucune enquête ouverte.

Les autorités françaises, ajoute le document, ont «déjà confirmé que dans l'éventualité où le requérant (était) extradé, il conservera son statut de +prisonnier de guerre+ en vertu de la Convention de Genève et que tout équipement matériel lui sera fourni et qu'il sera traité +différemment+ des autres prisonniers du système pénitentiaire français».

Les autorités américaines avaient octroyé le statut de prisonnier de guerre à l'ex-dictateur, qui avait été capturé par l'armée américaine lors de l'invasion du Panama en 1990.