Les contrats d'armement signés par le Brésil ou le Venezuela et la coopération militaire entre la Colombie et les Etats-Unis ont alimenté la crainte d'une course aux armements en Amérique du Sud, au centre d'une nouvelle réunion régionale sur la sécurité, mardi à Quito.

Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense sud-américains ont entamé vers 09h00 (10h00 HAE) une réunion d'une journée ayant pour but de mettre en place des mécanismes de confiance mutuelle, proposés dans un document en six points par l'Equateur.

La réunion avait été décidée le 28 août à Bariloche (Argentine), lors d'un sommet des 12 pays membres de l'Union des Nations sud-américaines (Unasur) destiné à mettre fin à la crise déclenchée par l'annonce d'un accord permettant à l'armée américaine de faire usage de sept bases en Colombie.

Le ministre équatorien des Affaires étrangères Fander Falconi a ouvert la séance par un simple message de bienvenue aux participants, qui devaient débattre à huis-clos dans un hôtel de la capitale équatorienne jusqu'à 18h00 environ (23h00 GMT).

Les ministres sont appelés à examiner un document prévoyant la mise en place d'échanges d'information notamment sur les achats d'armemement et les éventuels accords de coopération avec des pays tiers.

Il faut «de l'information, des consultations et de la coopération sur les activités militaires», a déclaré Fander Falconi après avoir évoqué sur Radio Quito ses craintes face à une éventuelle «course aux armements» et «l'inquiétude régionale suscitée par l'accord entre les Etats-Unis et la Colombie».

Son homologue brésilien Celso Amorim a pour sa part souhaité avant le début de la réunion que la Colombie offre des «garanties» sur l'accord passé avec les Etats-Unis.

La crise déclenchée par l'accord colombo-américain a été suivie de l'annonce dimanche d'un nouveau contrat militaire entre le Venezuela et la Russie, qui prêtera deux milliards de dollars (1,4 milliard d'euros) à Hugo Chavez pour l'achat de 92 chars T-72 et de lance-missiles.

«Avec ces fusées, ils vont avoir du mal à nous bombarder», a assuré le président vénézuélien Hugo Chavez, l'un des plus fermes opposants à l'accord colombo-américain.

Mardi, alors que la réunion avait commencé, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a évoqué son «inquiétude quand à l'importance des achats d'armes vénézuéliens». «Elle pose la question d'une éventuelle course aux armements dans la région», a-t-elle ajouté en appelant aussi à plus de «transparence».

Mais le Venezuela a rapidement opposé, depuis Quito, une fin de non-recevoir à son appel.

«Ces déclarations n'ont tout simplement pas de justification politique ou morale», a dit à la presse Nicolas Maduro, en estimant que l'accord entre Bogota et Washington impliquait aussi «une mobilisation de technique militaire, d'armemement, d'avions, de soldats et un déploiement de forces».

La réunion de Quito a aussi été précédée par des annonces d'achats d'armements par la Bolivie et le Brésil, qui a commandé à la France quatre sous-marins d'attaque et 50 hélicoptères de transport militaire, alors que des négociations sont en cours pour l'achat de 36 avions de chasse Rafale.

Face à ces tensions, le Perou a proposé que les membres de l'Unasur signent un pacte de non-agression et envisagent de créer une force d'interposition commune.

L'antidote à un manque de confiance doit être «l'engagement à un pacte de non-agression militaire (et) la décision de l'Unasur de devenir une Force d'interposition (...) face aux menaces territoriales externes», a écrit le président péruvien Alan Garcia dans une lettre aux participants de la réunion de Quito.