Le Venezuela d'Hugo Chavez, en pleine modification du paysage audiovisuel, se prépare à la fermeture imminente de 29 radios, suscitant de vives critiques de la part de défenseurs de la liberté de presse.

Le responsable de la Commission nationale des Télécommunications (Conatel), Diosdado Cabello, a annoncé récemment l'interdiction de diffusion d'une deuxième vague de radios accusées de ne pas avoir de licences en règle, un mois après le retrait des ondes très contesté de 34 autres radios et chaînes de télévision pour les mêmes motifs. Des représentants de journalistes sont immédiatement montés au créneau pour critiquer cette décision.

«Ce n'est absolument pas une surprise. Mais il ne faudrait pas sous-estimer la capacité des gens à se mettre en colère. Nous pensons que la pression populaire, exercée de façon pacifique et constitutionnelle, et la pression internationale, peuvent pousser le gouvernement à réfléchir», a dit à l'AFP Alonso Moleiro, vice-président du Collège national des Journalistes (CNP).

Le gouvernement vénézuélien affirme que sa décision va dans le sens d'une «démocratisation» du paysage audiovisuel vénézuélien et se défend de s'en prendre à la liberté de presse.

«Ils commencent à parler de mesure politique. Politique ? Mais sur les 34 stations (fermées en août) il y a des gens qui sont proches de nous», a assuré lundi M. Cabello. Maintenant, «il y a 29 radios, les dossiers ont été examinés, et elles se trouvent dans la même situation que les autres. Elles seront informées dans les jours prochains», a-t-il ajouté.

Le nom des radios concernées n'a pas été publié.

Parmi les stations fermées le mois dernier se trouvait CNB, critique envers l'exécutif, et d'autres radios moins liées aux détracteurs du gouvernement, selon les experts.

Pour Carlos Correa, directeur de l'ONG de défense de la liberté d'expression Espacio Publico, «si on met l'accent sur une démocratisation de la communication, l'idée c'est que toutes les idées aient leur place. Ce n'est pas un fait isolé, c'est un étau qui se resserre autour des positions critiques au gouvernement», a-t-il déclaré à l'AFP.

Selon lui, «il y a de la part du gouvernement socialiste la volonté de préparer le paysage avant les élections législatives de 2010. Les radios font partie du jeu».

Pour William Lara, gouverneur de l'État Guarico (centre) et ancien ministre de la Communication, les radios «doivent être une propriété collective et sociale. Leur gestion au Venezuela doit nécessairement être orientée vers la construction socialiste».

En juillet, la Conatel, l'organisme public qui régule le secteur des télécommunications, avait lancé une opération de recensement de tous les médias audiovisuels du pays. Elle avait réclamé à chacun la licence et les papiers prouvant qu'ils étaient en règle.

Au total, 240 stations de radios et 45 chaînes de télévision ne remplissaient pas les conditions requises, selon la Conatel.

Un mois plus tard, 32 radios et deux télévisions régionales avaient perdu leur licence, ce qui avait provoqué des manifestations au Venezuela et des réactions alarmées à l'étranger, de la part d'organisations internationales comme l'Unesco.

Parallèlement aux sanctions prises contre les radios, M. Cabello a annoncé une nouvelle procédure contre la chaîne de télévision privée Globovision, très critique envers Hugo Chavez, qui a déjà dû s'acquitter de lourdes amendes dans le passé.