Un sommet crucial des pays d'Amérique du sud (Unasur) se tient vendredi à Bariloche, dans l'ouest de l'Argentine, pour calmer les tensions entre Caracas et Bogota sur un accord permettant à Washington d'utiliser sept bases militaires en Colombie.

Le grand hôtel au bord du lac où doivent se réunir les chefs d'Etat, l'aéroport et la route reliant les deux étaient entourés de fortes mesures de sécurité, dont des hélicoptères et un millier de policiers, gendarmes et chasseurs andins en tenue blanche et béret.

Les chefs d'Etat, qui commençaient à arriver jeudi soir, doivent se réunir vendredi à 19H00 (HAE) et faire une pause à 12H30 (HAE) pour une photo officielle et un déjeuner. La fin de la réunion est prévue peu après.

Plusieurs centaines de personnes, dont des syndicalistes, des étudiants et des aborigènes mapuches, ont manifesté dès jeudi à Bariloche contre l'accord américano-colombien.

«C'est une manifestation pour la paix et le retrait des troupes américaines du continent : nous voulons l'unité de l'Amérique latine», a déclaré l'un des organisateurs de la manifestation, le syndicaliste Edgar Actis.

«Les peuples aborigènes se battent pour leur terre et leurs droits», a dit le dirigeant mapuche José Quintriqueo.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a prévenu, à quelques heures du sommet, que son pays allait «préparer la rupture des relations avec la Colombie». Il a déclaré qu'il «ne s'attendait à aucun changement» d'attitude à Bariloche de la part de son homologue colombien Alvaro Uribe.

«La Colombie n'a aucun intention de d'assoir à la place des accusés. Elle y va la tête haute», a riposté un haut responsable colombien.

Mais la tension ne se limite pas au face-à-face entre les deux frères ennemis. D'autres pays de la région ont également fait part de leur préoccupation, à l'image du Brésil lui aussi frontalier de la Colombie.

Le président brésilien Luiz Inacio «Lula» da Silva a ainsi demandé «des garanties» afin que l'équipement et le personnel ne puissent pas être utilisés à d'autres buts que ceux déclarés par la Colombie.

L'accord américano-colombien prévoit que Bogota mette sept de ses bases à la disposition des Etats-Unis dans le cadre d'opérations contre le trafic de drogue et les guérillas.

La Colombie «devra garantir que leur activité sera strictement limitée à ses problèmes de politique intérieure», a également souligné la ministre de la Défense argentine, Nilda Garré.

Un envoyé spécial américain, le sous-secrétaire d'Etat adjoint Christopher McMullen, effectue une tournée pour expliquer la position américaine. Il a assuré jeudi à Buenos Aires que l'accord avec la Colombie «est basé sur les principes de non intervention, d'intégrité territoriale et de souveraineté».

Les Etats-Unis craignent que cette tension croissante ne mette en danger le changement voulu par M. Obama dans les relations avec l'Amérique latine.

Pour le Venezuela et l'Equateur, voisins de la Colombie et fers de lance de la gauche radicale latino-américaine, l'accord américano-colombien représente une menace pour la stabilité régionale.

Le président bolivien Evo Morales a appelé à organiser un référendum dans tous les pays de l'Unasur sur cet accord controversé.

L'Unasur doit aussi se pencher sur les craintes d'une course aux armements dans la région. Les dépenses d'armement ont totalisé 51 milliards de dollars (36 milliards d'euros) dans la région en 2008, soit 30% de plus qu'en 2007, selon les experts de l'institut de recherches argentin Nueva Mayoria.