Le leader cubain Fidel Castro a accusé jeudi Washington de chercher à «liquider» le gouvernement «révolutionnaire» de Hugo Chavez et à mettre l'Amérique latine à «portée de ses troupes» avec l'accord militaire lui permettant d'utiliser sept bases militaires en Colombie.

«La seule intention des Etats-Unis avec ces bases est de mettre l'Amérique latine à la portée de ses troupes en quelques heures», affirme l'ancien président, 83 ans, dans un billet publié à la veille de l'ouverture d'un sommet extraordinaire des pays de l'Union sud-américaine des nations (Unasur), préoccupés par cet accord militaire entre Bogota et Washington.

«L'objectif le plus immédiat de ce plan est de liquider le processus révolutionnaire bolivarien et d'assurer le contrôle du pétrole et d'autres ressources naturelles du Venezuela» dirigé par son allié et ami Hugo Chavez, poursuit Castro, en ajoutant que l'«empire» américain ne voulait pas de «la concurrence des nouvelles économies émergentes dans son arrière-cour».

Le «Comandante» estime «cyniques» les arguments de lutte contre le terrorisme et le narcotrafic avancés par les Etats-Unis pour l'utilisation de ces bases, en accusant ce pays d'être le plus grand consommateur de drogue au monde, le plus grand fabricant d'armes au monde et le plus grand fournisseur d'armes à feu «pour le crime organisé en Amérique latine».

«C'est le plus grand Etat terroriste qui ait jamais existé», affirme-t-il alors que son pays, sous embargo américain depuis 47 ans, fait partie de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme en raison notamment de la présence de membres présumés de l'organisation indépendantiste basque ETA, considérée comme terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

«Un pays qui se respecte n'a pas besoin de mercenaires ni de soldats ni de bases militaires américaines pour combattre le narcotrafic, protéger sa population en cas de désastres naturels ou encore apporter une coopération humanitaire à d'autres pays», écrit Fidel Castro à l'adresse de Bogota.

Le père de la Révolution cubaine de 1959 a cédé le pouvoir en 2006 à son frère Raul, 78 ans, en raison de graves problèmes de santé. Il n'a plus fait depuis d'apparition publique mais reste présent et influent, tant à Cuba et qu'en Amérique latine, par la publication de ses «réflexions» sur l'actualité.