Une délégation ministérielle de l'Organisation des États américains (OEA) est arrivée lundi au Honduras pour tenter de trouver une solution à la crise provoquée il y a près de deux mois par le coup d'État contre le président Manuel Zelaya.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Argentine, du Canada, du Costa Rica, de la Jamaïque, du Mexique, du Panama et de la République Dominicaine sont à Tegucigalpa pour essayer de convaincre le gouvernement de facto de Roberto Micheletti, en place depuis le 28 juin, d'accepter le retour de M. Zelaya au pouvoir jusqu'au terme prévu de son mandat, le 27 janvier 2010.

Les États-Unis ont fait part lundi de leur soutien appuyé à la mission. «Nous soutenons fermement cette visite», a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Ian Kelly. «Nous continuons de penser que le peuple hondurien mérite un accord pacifique et négocié auquel toutes les parties peuvent adhérer», a-t-il ajouté.

Il a précisé que le gouvernement des États-Unis avait fourni à la mission de l'OEA, sur sa demande, un avion C-17 pour la transporter de Miami à Tegucigalpa.

Le gouvernement de M. Micheletti, non reconnu par les institutions internationales, refuse catégoriquement jusqu'ici la perspective d'accepter le retour de M. Zelaya au pouvoir jusqu'au terme de son mandat, point central du plan de sortie de crise proposé par le médiateur, le président du Costa Rica Oscar Arias.

Dimanche, la Cour suprême a confirmé que le président déchu serait traduit en justice pour haute trahison s'il revenait au pays.

La délégation de sept ministres des Affaires étrangères, accompagnée par le secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza, a été reçue avec les honneurs à Tegucigalpa.

Le gouvernement de facto avait d'abord refusé de recevoir M. Insulza en invoquant son «manque d'impartialité», après qu'une première tentative de médiation de ce responsable à Tegucigalpa, début juillet, se fut soldée par un échec.

Les ministres de l'OEA ont reçu dès leur arrivée l'épouse de M. Zelaya, Xiomara Castro, et des représentants des partisans du président déchu.

La délégation comptait ensuite rencontrer l'équipe de négociateurs du gouvernement de facto, reçue la semaine dernière à Washington par l'administration américaine, mais elle a précisé que cette entrevue «n'impliquait en aucune manière une reconnaissance du régime de fait» de M. Micheletti.

Des réunions sont également prévues avec les représentants de l'Eglise catholique et des Eglises évangélistes, des milieux d'affaires et des syndicats ainsi qu'avec des associations de la société civile.

La ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, a déclaré que la crise au Honduras constituait «une menace pour la démocratie et l'ordre constitutionnel qui s'étaient consolidés ces dernières années dans la région», dans une interview au quotidien mexicain Reforma.

Par ailleurs, un groupe de 90 députés européens de gauche, en visite au Nicaragua voisin, a exprimé son soutien à M. Zelaya et prôné le gel des négociations sur l'Accord d'association entre l'Union européenne et l'Amérique centrale, tant que la «démocratie» ne serait pas rétablie au Honduras.

Les partisans de M. Zelaya ont multiplié les manifestations ces dernières semaines et annonçaient encore un rassemblement lundi à Tegucigalpa, où des dizaines de chauffeurs de taxi avaient bloqué des rues du centre de la capitale dans la matinée pour réclamer le retour du président destitué.

La situation est toujours tendue dans le pays, où des inconnus ont saboté dimanche soir les émetteurs de deux stations de radio favorables à M. Zelaya.