Le ministre brésilien de la Justice, Tarso Genro, a réclamé samedi à Rio, pour les 30 ans de la «Loi d'Amnistie», que les tortionnaires de la dictature militaire (1964-1985) soient jugés, un thème polémique dans le pays.

«Nous ne demandons pas que les tortionnaires soient torturés. Nous demandons qu'ils soient jugés et que leurs actes soient exposés à la société brésilienne», a dit M. Genro dans le cadre d'un acte public organisé par le ministère de la Justice à Rio de Janeiro pour rappeler les 30 ans de la «Loi d'Amnistie».

Approuvée le 22 août 1979 par le parlement, cette loi a permis le retour des exilés politiques mais protège également les tortionnaires du régime militaire.

«Pour réaliser une amnistie totale et sans restriction, il faudra soigner ces blessures par la conciliation démocratique et par la capacité que doit démontrer l'Etat de droit de tenir un procès contre ceux qui ont pratiqué des tortures pendant la dictature», a ajouté M.Genro, dans des déclarations reproduites sur le site G1 de Globo.

Le ministre de la Justice a demandé à la Cour Suprême de juger au plus vite l'action intentée en mars dernier par l'Association des magistrats du Brésil qui demandent la révision de la loi.

«Dans l'actuelle conjoncture historique de notre démocratie consolidée, nous ne concevons pas comme correcte l'interprétation de la loi d'amnistie qui protège des agents ayant pratiqué des crimes contre l'humanité pendant la dictature», affirmaient les juges dans une lettre adressée au ministre de la Justice.

L'initiative de l'association des juges s'ajoutait à celle des avocats du Brésil qui, en octobre dernier, avaient demandé à la Cour de statuer si les violences pratiquées par des militaires et des policiers pouvaient bénéficier de la loi d'amnistie.

Bon nombre de membres du gouvernement du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva sont d'anciens guérilleros qui ont été torturés.

Le gouvernement tente d'obtenir l'ouverture des archives de la dictature, à laquelle les militaires s'opposent.

Les organisations de défense des droits de l'Homme espèrent que les informations contenues dans ces archives donneront des renseignements sur les 400 morts et 160 disparus de la dictature au Brésil.