Le président de l'Équateur, Rafael Correa, a entamé lundi son deuxième mandat, au cours duquel il entend radicaliser sa révolution socialiste, dans le sillage de son principal allié, le Venezuela de Hugo Chavez, et mettre au pas les médias.

Le chef de l'État, âgé de 46 ans, a prêté serment devant le parlement équatorien, en présence d'une dizaine de chefs de l'État, qui pour la plupart avaient participé précédemment à un sommet de l'Union sud-américaine des nations (Unasur). M. Correa, réélu en avril dès le premier tour, entend accentuer les réformes entreprises au cours de son premier mandat et diriger son pays sur la voie du «socialisme du XXIe siècle», prôné par ses principaux alliés, le Venezuela de Hugo Chavez et la Bolivie de Evo Morales.

Jusqu'ici plus modéré sur la forme et sur le fond que ses deux partenaires, il envisage ainsi d'augmenter les programmes sociaux en faveur des défavorisés et de hausser le ton à l'égard des compagnies pétrolières étrangères, dont il a remis en question les contrats d'extraction, car il jugeait inéquitable la répartition des bénéfices tirés de la vente de brut.

Cet économiste de formation, âgé de 46 ans, a également répété ses critiques à l'égard des médias, lundi, estimant que son principal adversaire lors de son premier mandat avait été «une presse jouant clairement un rôle politique, alors qu'elle n'a aucune légitimité démocratique».

«Il faut cesser d'avoir peur et proposer que les pays mettent en place des dispositifs pour contrôler les excès de la Presse», a-t-il ajouté, une semaine après avoir annoncé que son gouvernement allait retirer leurs licences à des radios et télévisions qui les auraient obtenues de manière irrégulière.

M. Correa s'est engagé à mener sa révolution de manière pacifique.

«Pour radicaliser cette révolution authentique et souveraine, nous n'allons pas utiliser des balles, des pierres ou des bottes, nous allons utiliser des crayons, des écoles, des routes», avait-il déclaré dimanche lors d'une cérémonie indigène.

Charismatique pour ses partisans mais autoritaire pour ses détracteurs, le chef de l'État peut s'appuyer sur un appareil d'État renforcé, via une réforme constitutionnelle d'inspiration socialiste, et une popularité supérieure à 50%.

Mais il entame son deuxième mandat dans un contexte de crise économique et avec moins d'alliés qu'en 2006, en raison de ses relations tendues avec les syndicats et les indigènes.

Il devra en outre composer avec la chute des ressources pétrolières et des envois de devises de la diaspora, deux des piliers de cette économie dollarisée, un taux de chômage de 8,3% et un déficit budgétaire de 1,5 milliard de dollars, soit 10% du budget.

Sur le plan extérieur, M. Correa n'a pas l'intention de rétablir de relations diplomatiques avec son voisin colombien, tant que Bogota continuera à l'accuser d'être lié  à la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Il avait rompu ces relations en mars 2008 après le bombardement par l'armée colombienne d'un campement des Farc en territoire équatorien.