La présidente du parlement du Venezuela, Cilia Flores, a enterré l'initiative polémique du procureur général proposant des peines de prison pour les auteurs de délits de presse, en déclarant jeudi qu'elle ne serait pas mise à l'ordre du jour de l'assemblée.

«Il n'y a pas de consensus sur la proposition de loi de la représentante du ministère public et elle ne figure pas à l'ordre du jour législatif», a-t-elle déclaré, en précisant que de nombreuses mesures proposées figuraient déjà dans le code pénal, comme le délit d'injure ou de calomnie.

Le projet du procureur général du Venezuela, Mme Luisa Ortega, prévoyant jusqu'à quatre ans de prison pour les auteurs de «fausses nouvelles» portant atteinte à la «sécurité nationale», avait créé une polémique dans le pays et à l'étranger en fin de semaine dernière.

Les critiques avaient redoublé contre le gouvernement socialiste de Hugo Chavez après l'annonce samedi de la fermeture d'une trentaine de radios et de télévisions pour des raisons technico-administratives.

Le projet avait déjà subi un coup d'arrêt mardi en commission des médias, en raison des divergences entre les différents députés y siégeant.

Selon le quotidien El Nacional, qui ne cite pas ses sources, l'enterrement du projet a été décidé lundi soir lors d'une réunion d'urgence au palais présidentiel en raison de l'opposition de l'opinion publique.

Il ajoute que la magistrate «n'a consulté personne, ni mesuré l'effet» de son projet, qui a provoqué de fortes divisions au sein même de la majorité pro-Chavez de l'Assemblée nationale.

Mardi, le président vénézuélien a défendu les fermetures de radios ordonnées durant le week-end, en estimant que les réformes en cours visaient à «démocratiser les médias» privés, qui lui sont souvent hostiles et sont concentrés selon lui entre les mains d'une oligarchie.

Environ 250 radios et télévisions sont également menacées de perdre leur fréquence, car leurs autorisations d'émission ne sont pas valables.