Le président cubain Raul Castro a appelé dimanche à Holguin ses compatriotes à travailler davantage sans prendre pour prétexte les difficultés causées par 47 ans d'embargo américain, dans un discours consacré à la grave crise économique traversée par l'État communiste.

Raul Castro a complètement laissé de côté les affaires diplomatiques dans ce discours prononcé devant des dizaines de milliers de personnes réunies sur la Place de la Révolution de Holguin (750 km à l'est de La Havane), a constaté une journaliste de l'AFP.

«La terre est là, et les Cubains sont là. Nous verrons si nous travaillons ou non, si nous produisons ou non, si nous respectons notre parole ou non. Il n'est pas question de crier 'la patrie ou la mort', 'à bas l'impérialisme', 'le blocus nous frappe'. La terre est là et attend notre sueur», a martelé Raul Castro, trois ans après avoir pris la relève de son frère Fidel, malade.

Rappelant la distribution en cours à de petits producteurs des terres en friche appartenant à l'État, il a une nouvelle fois insisté sur l'importance «stratégique» d'augmenter la production agricole afin de réduire les importations en la matière et «les dépenses en devises», dont l'État cubain manque cruellement.

Cuba importe jusqu'à 84% de ses besoins alimentaires, majoritairement des États-Unis qui excluent ces denrées de l'embargo controversé qu'ils maintiennent contre l'île communiste.

L'île a augmenté ses importations de denrées alimentaires d'un milliard de dollars en 2008, à 2,8 millards de dollars, en raison des destructions causées par le passage de trois ouragans. Ceux-ci ont fait au total, selon Raul Castro, «dix milliards de dollars de dégâts, soit 20% du PIB».

«En raison de l'impact qu'a la crise économique mondiale sur notre économie», Raul Castro a annoncé une réunion mardi du gouvernement pour décider de nouvelles coupures dans «les dépenses prévues cette année».

Le cabinet, a-t-il poursuivi, doit évaluer «la réduction significative des recettes provenant des exportations et les restrictions additionnelles pour accéder à des sources de financement extérieures», conséquences de la crise financière mondiale et de l'effondrement sur les marchés des prix du nickel, premier produit d'exportation cubain.

Chef des forces armées pendant près d'un demi-siècle avant de succéder à son aîné, il a seulement effleuré le sujet du «blocus» américain en évoquant les «agressions» visant «à empêcher le développement» de Cuba.

Et fait rarissime, il n'a pas évoqué le cas des cinq Cubains condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison aux États-Unis pour espionnage contre les milieux anticastristes de Miami et qui sont considérés à Cuba comme des héros.

Il n'a pas non plus abordé l'éviction par la force du président hondurien Manuel Zelaya le 28 juin, sujet suivi avec attention par «Fidel» qui a dénoncé récemment dans des commentaires publiés dans la presse locale le soutien du Département d'État américain aux putschistes honduriens.

Les relations entre Cuba et les États-Unis - qui n'ont pas de liens diplomatiques depuis 1961 - sont très difficiles, mais moins tendues depuis l'arrivée à la Maison-Blanche en janvier de Barack Obama.

Le 26 juillet marque l'assaut, en 1953, de la caserne de Moncada à Santiago de Cuba par Fidel Castro, Raul et une centaine d'hommes. Malgré son échec sanglant, cette attaque est considérée comme le point de départ de la rébellion qui allait conduire Fidel Castro au pouvoir en 1959.

C'est à Holguin que Fidel Castro, bientôt 83 ans, a fait, il y a trois ans jour pour jour, sa dernière apparition publique avant de subir une grave opération chirurgicale aux intestins.