Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman est arrivé mardi au Brésil, première étape d'une tournée de dix jours en Amérique latine visant à contrer l'influence grandissante de l'Iran dans la région.

M. Lieberman, accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires, a commencé sa visite par Sao Paulo, la capitale économique du pays, et devait rencontrer dans la journée à huis clos les dirigeants de la fédération brésilienne de l'industrie. Il devait ensuite s'entretenir avec le gouverneur de l'Etat puis rencontrer les représentants de la communauté juive, a indiqué l'ambassade d'Israël à l'AFP.

Il s'agit de la première visite d'un chef de la diplomatie israélienne dans la région en plus d'une décennie.

Avant la visite, le ministère israélien des Affaires étrangères avait souligné que celle-ci visait à répondre «à l'activité croissante de l'Iran en Amérique du Sud».

Au Brésil, cette visite a aussi pour objectif de renforcer les «liens d'amitié» entre les deux pays, notamment en matière de coopération scientifique, culturelle et commerciale, a déclaré l'ambassade d'Israël dans un communiqué.

En 2008, le commerce bilatéral s'est élevé à plus de 1,5 milliard de dollars.

Mercredi, M. Lieberman doit rencontrer le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia, un entretien qui sera suivi par la seule conférence de presse prévue lors de sa visite.

Après le Brésil, M. Lieberman doit se rendre en Argentine, au Pérou et en Colombie.

L'itinéraire précis du ministre, chef du parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou, n'a pas été révélé pour des raisons de sécurité, alors que des mouvements pro-palestiniens ont appelé à manifester contre sa visite.

Un responsable du parti du président Lula (PT, gauche) a qualifié de «fasciste et raciste» Avigdor Lieberman dans des propos publiés mardi par le journal israélien Haaretz et a affirmé que la gauche brésilienne allait organiser des manifestations.

Le Brésil, première économie d'Amérique latine et poids lourd politique régional, est considéré comme l'étape la plus importante de la tournée du ministre, selon l'ambassadeur d'Israël Giora Becher.

Le président Lula a cherché un rôle plus important pour le Brésil au Proche-Orient en tentant une médiation dans le conflit israélo-palestinien, une initiative faisant partie de l'effort de Brasilia pour obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

Il a aussi cherché à établir des relations cordiales avec l'Iran.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad devait effectuer en mai une visite au Brésil qu'il a annulée au dernier moment avant les élections controversées du 12 juin en Iran.

L'ambassadeur d'Iran au Brésil, Mohsen Shaterzadeh, a qualifié lundi Lula de «courageux» pour avoir rapidement reconnu la victoire de M. Ahmadinejad et a affirmé que le président iranien se rendrait sans doute prochainement au Brésil.

Israël considère l'Iran qui soutient les groupes radicaux palestiniens et libanais et est soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique, comme sa principale menace. Téhéran affirme toutefois que son programme nucléaire est uniquement civil.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé dans un document publié fin mai que le Venezuela et la Bolivie, deux représentants de la gauche radicale en Amérique latine, aidaient le programme nucléaire iranien, ce que La Paz a démenti.