Le nouveau président de facto au Honduras, Roberto Micheletti, a persisté lundi à rejeter un retour au pouvoir du président destitué Manuel Zelaya, malgré la pression croissante de la communauté internationale et une mise en garde de Washington.

M. Zelaya, de son exil, s'est dit prêt à poursuivre le dialogue, mais a prévenu qu'il organisait «la résistance intérieure» pour préparer son retour.

«Nous formons un bloc contre toute injonction que nous fera quelque pays que ce soit dans le monde», a déclaré M. Micheletti lors d'une conférence de presse à Tegucigalpa.

Dimanche, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton lui avait passé un coup de téléphone «très ferme», le prévenant que Washington suspendrait son aide au Honduras si la médiation entreprise par le président costaricien Oscar Arias échouait, selon le département d'Etat.

Le week-end dernier, M. Arias, prix Nobel de la paix 1987, a tenté sans succès de réconcilier les deux camps autour d'un «gouvernement d'union nationale» dirigé par M. Zelaya et la perspective d'une élection anticipée.

Il a toutefois demandé aux deux camps 72 heures de plus pour essayer encore de «parvenir à un accord entre les parties en conflit», afin d'éviter «une guerre civile et un bain de sang».

Installé à la tête du pays par le Congrès à la suite d'un coup d'Etat le 28 juin, M. Micheletti a affirmé qu'il était impossible de rétablir au pouvoir celui qui avait «violé la Constitution de la République, non pas une fois, mais à plusieurs reprises».

Elu fin 2005 pour un mandat unique de quatre ans, M. Zelaya a été expulsé par les militaires le 28 juin, pour avoir tenté d'organiser un référendum lui permettant de se représenter pour un deuxième mandat, malgré l'opposition de la Cour suprême.

M. Micheletti a balayé aussi la perspective d'élection anticipée: «le 29 novembre, il y aura des élections libres et transparentes dans ce pays», a-t-il poursuivi.

Outre le coup de fil de Mme Clinton, la pression s'est encore accentuée sur les nouvelles autorités du Honduras, de plus en plus isolées sur la scène internationale depuis le coup d'Etat.

La Commission européenne a annoncé lundi le gel de ses 65,5 millions d'euros d'aide budgétaire à ce pays pauvre d'Amérique centrale de plus de 7 millions d'habitants. Les Etats-Unis et plusieurs organismes bancaires internationaux leur ont déjà suspendu une partie de leur coopération.

Dimanche soir, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Jose Miguel Insulza, avait annoncé son intention d'«accentuer la pression» sur le gouvernement de facto.

M. Zelaya a déclaré avoir commencé à «organiser la résistance interne» en vue de son retour. Ses partisans ont annoncé l'intensification des manifestations et blocages de route, et un mot d'ordre de grève pour jeudi et vendredi.

M. Zelaya avait tenté en vain de revenir au Honduras par avion le 5 juillet, mais n'avait pu se poser sur la piste rendue impraticable par les militaires. Deux de ses partisans avaient été abattus en tentant de franchir les clôtures de l'aéroport.

Elu fin 2005 sous la bannière d'un parti libéral, M. Zelaya, magnat de l'industrie du bois et grand propriétaire terrien, s'est rapproché de la gauche radicale incarnée dans la région par le président vénézuélien Hugo Chavez.