Le président du Costa Rica, Oscar Arias, médiateur dans la crise au Honduras, espérait faire accepter dimanche au gouvernement de facto à Tegucigalpa sa proposition de règlement du conflit, basée sur le retour au pouvoir du président destitué Manuel Zelaya et un gouvernement «d'union».

M. Arias, qui mène à San Jose avec les délégations des deux camps rivaux une deuxième réunion de médiation, dont les résultats sont attendus dimanche, a même donné une indication de date, en demandant à M. Zelaya de ne pas revenir au Honduras avant le vendredi 24 juillet. M. Zelaya est d'accord, selon la coordinatrice de sa délégation, Rixi Moncada.

Le gouvernement de facto au Honduras, présidé par Roberto Micheletti, l'ex-président du Congrès, n'avait pas encore répondu dimanche, deux heures avant la reprise de la réunion à San Jose. MM. Zelaya et Micheletti n'assistent ni l'un ni l'autre à la rencontre, alors qu'ils s'étaient rendus au premier rendez-vous de M. Arias, le 9 juillet.

M. Micheletti a toujours rejeté d'emblée l'hypothèse d'un retour de M. Zelaya. Il avait écourté la première rencontre, quittant San Jose avant le tête-à-tête prévu avec le président destitué.

La mention de la date du vendredi 24 juillet par M. Arias peut toutefois laisser penser qu'il espère un consensus sur sa proposition de règlement de la crise, même si elle suppose le retour de M. Zelaya. Le président costaricien, prix Nobel de la paix, est totalement soutenu par la communauté internationale.

«C'est un pas en avant fort et M. Arias ne l'aurait pas franchi s'il n'avait pas reçu un minimum d'assurances, quelques engagements», a commenté un diplomate proche du dossier.

La proposition de M. Arias, basée sur un gouvernement d'union nationale présidé par M. Zelaya, une élection présidentielle anticipée et une amnistie générale, «correspond à ce que la communauté internationale suggérait dès le début de la crise», selon ce diplomate.

Si le consensus s'établit sur la proposition de M. Arias, M. Zelaya devra «renoncer expressément» à son projet de consultation par les urnes sur le projet de réforme de la Constitution, et donc à un mandat présidentiel supplémentaire.

C'est pour empêcher cette consultation, prévue le 28 juin, que les militaires et le camp de M. Micheletti ont réagi en arrêtant M. Zelaya et en l'expulsant du pays. La Constitution du Honduras stipule que le président est élu pour un mandat unique.

Au Honduras, les partisans de M. Zelaya avaient prévu de maintenir leur mobilisation des jours précédents. Ils avaient manifesté samedi à Tegucigalpa, avec l'épouse du président destitué, Xiomara Castro. Ils avaient bloqué vendredi et samedi les principaux accès à la capitale, et d'autres routes à travers le pays.

Ces manifestations n'ont donné lieu qu'à de rares incidents, comme des échanges de coups samedi entre partisans des deux camps rivaux, avec quelques blessés légers, dans la ville de Colon (500 km au nord de Tegucigalpa).

Une grenade a également explosé samedi soir à Tegucigalpa devant le siège du Collège des avocats, mais n'a fait que de légers dégâts matériels.

M. Zelaya avait tenté en vain de revenir par avion au Honduras le 5 juillet, mais n'avait pu se poser sur la piste rendue impraticable par les militaires. Deux de ses partisans avaient été abattus en tentant de franchir les clôtures de l'aéroport.

Le coup d'État du 28 juin a isolé le Honduras, pays pauvre de près de huit millions d'habitants, auquel les États-Unis et les organismes financiers internationaux ont suspendu leur aide.

Elu fin 2005 pour un mandat de quatre ans non renouvelable, M. Zelaya, magnat de l'industrie du bois et élu d'un parti libéral, s'est rapproché de la gauche radicale incarnée dans la région par le président vénézuélien Hugo Chavez.