Manuel Zelaya, le président destitué du Honduras, a donné vendredi jusqu'à samedi soir minuit aux négociateurs chargés de statuer sur la crise en cours, menaçant, faute de solution, de regagner son pays en secret et d'y oeuvrer à sa manière à son retour aux commandes.

Des représentants de Zelaya et du gouvernement de facto du Honduras dirigé par le président Roberto Micheletti doivent se rencontrer ce samedi pour la deuxième fois à San José du Costa Rica.Faisant monter les enchères, le président déchu a exclu toute autre solution que son retour à son poste, comme l'ont réclamé l'ONU et l'OEA: «Si à cette heure (samedi à minuit, NDLR), il n'y a pas de résolution en ce sens, nous considérerons que les négociations au Costa Rica ont échoué», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse tenue à l'ambassade hondurienne à Managua, au Nicaragua.

«Je rentre au Honduras, mais je ne vais pas dire au putschistes le jour, l'heure ni l'endroit, ni si j'y rentre par air, mer ou terre». Manuel Zelaya avait fait une première tentative de retour d'exil le 5 juillet, qui a échoué, son avion en provenance du Nicaragua n'ayant pu se poser en raison d'un déploiement militaire sur l'aéroport de Tegucigalpa. Le gouvernement intérimaire affirme qu'il sera arrêté s'il revient au Honduras.

Manuel Zelaya n'a pas fourni d'autres précisions sur ses intentions, mais il avait estimé un peu plus tôt dans la semaine que le population hondurienne avait le droit de se soulever contre un gouvernement illégitime. Et jeudi, sa cheffe de la diplomatie Patricia Rodas avait expliqué qu'en cas d'échec des pourparlers, Zelaya rentrerait pour constituer un gouvernement parallèle et ôôdiriger ce que j'appelerai le combat final».

Les partisans de Zelaya jugent que les pourparlers du Costa Rica sont peut-être la dernière occasion d'éviter la confrontation ouverte, voire même la guerre civile. Les manifestations des pro-Zelaya sont quasi-quotidiennes depuis le coup d'Etat.

Les pourparlers se tiennent sous la médiation du président costa-ricain Oscar Arias, vétéran des négociations difficiles, qui obtint le prix Nobel de la paix en 1987 pour son rôle dans la fin des conflits d'Amérique centrale à l'époque.

Arias a présenté une série de compromis possibles aux deux camps, Zelaya qualifiant d'ôôaberration» la proposition d'accord de partage du pouvoir, qui le verrait rentrer et achever son mandat, mais avec des prérogatives limitées.

Selon le président intérimaire Roberto Micheletti, Zelaya pourrait tenter de franchir la frontière entre le Nicaragua et le Honduras, dans la jungle.

Micheletti, s'il s'est dit ouvert au dialogue, estime cependant hors de question de permettre à Zelaya de revenir au pouvoir. Il s'est dit en revanche prêt à démissionner et à avancer le scrutin présidentiel prévu en novembre en échange de l'abandon par Zelaya de ses velléités de rentrer au Honduras.