Théâtres et salles de tango fermés, étudiants en vacances forcées, touristes aux abonnés absents: Buenos Aires s'est transformée en ville fantôme à cause de la pandémie de grippe porcine, qui a déjà fait 70 morts en Argentine.

Les images rappellent celles de Mexico fin avril, lorsque la mégalopole tournait au ralenti après l'apparition du virus A(H1N1), qui a fait plus de 440 morts à travers le monde en l'espace de trois mois.

 

La «calle Corientes», la rue où sont concentrés une grande partie des lieux culturels de Buenos Aires, est méconnaissable. Les spectacles sont suspendus pendant dix jours, signe de la psychose qui s'est emparée de l'Argentine, le troisième pays le plus endeuillé par la maladie. Nombre de discothèques et de clubs sportifs ont également fermé leurs portes.

 

Par peur d'attraper la maladie qui a déjà contaminé 100 000 personnes selon les autorités, beaucoup ont opté pour le télétravail et les artères de la capitale sonnent creux. «Il y a peu de véhicules aux entrées de la ville. Les gens vont rester chez eux toute la fin de semaine par prévention», affirme Anabella Barugel, responsable de l'agence de tourisme Maverick.

 

L'activité devrait être d'autant plus ralentie qu'après la fête de l'indépendance ce jeudi, les autorités ont décrété un autre jour férié vendredi dans les administrations, pour raisons de santé. Les touristes semblent également avoir déserté les rues. «D'habitude, beaucoup de Brésiliens viennent à cette période, mais cette année, la situation a changé, en particulier à cause de la recommandation de leur gouvernement qui a déconseillé les voyages en Argentine à cause de la grippe», explique Diego Iriarte, vendeur d'entrées dans une salle de tango.

 

Des millions d'écoliers et d'étudiants sont quant à eux en vacances plus tôt que prévu, les autorités ayant décidé d'anticiper la fin des cours pour ralentir la propagation du virus. Le ministère de l'Education a toutefois mis en ligne une page spéciale pour qu'ils puissent faire leurs devoirs.

 

Dans la rue, certains essayent de profiter de cette situation inédite, comme ce vendeur ambulant qui propose «deux masques pour le prix d'un». Dans le métro, d'autres débrouillards vendent de l'alcool en gel pour se désinfecter les mains, un produit devenu difficile à trouver.

 

«Nous avons reçu de grandes quantités d'alcool en gel, mais tout est parti sur-le-champ. Quand un acheteur découvrait que nous en avions, il prévenait par téléphone d'autres personnes qui accouraient aussitôt au magasin», raconte une pharmacienne, Paula Ballesteros.

 

Le principal traitement antiviral, Oseltamivir, qui est distribué gratuitement aux malades dans les hôpitaux, n'est plus disponible dans les pharmacies et certains Argentins traversent même le Rio de la Plata pour essayer d'en acheter en Uruguay.

 

Le coût de ce ralentissement imprévu pourrait être élevé pour l'économie argentine, déjà entrée en récession selon les experts. Certains évoquent déjà une perte de plus d'un milliard de dollars (700 millions d'euros).