Les pieds dans la boue, le visage en sueur sous un soleil de plomb, l'ancien président américain Bill Clinton s'est confronté cette semaine aux Gonaïves, ville sinistrée du nord d'Haïti, à la dure réalité d'un pays qu'il compte bien aider à se relever.

 

«Je vais rencontrer des donateurs, c'est important, et je vais essayer d'accélérer l'aide et de m'assurer qu'elle est dirigée vers les projets prioritaires pour Haïti», a déclaré mardi Bill Clinton, récemment nommé envoyé spécial de l'ONU pour le pays.

 

«Il sera difficile de travailler au service d'Haïti», a-t-il toutefois concédé au terme de sa visite, qui l'a également conduit dans les quartiers pauvres de la capitale, Port-au-Prince.

 

«M. Clinton a la responsabilité de coordonner l'aide de la communauté internationale promise à Haïti. Nous avons besoin de plus d'un milliard de dollars», a soutenu le président haïtien René Préval, qui accompagnait son hôte dans les rues boueuses des Gonaïves. «Avec sa popularité, il peut nous aider à faire venir des investisseurs privés en Haïti», a-t-il ajouté.

 

Alors qu'il prenait parfois la tête du cortège de fonctionnaires de l'ONU et des cadres haïtiens qui l'accompagnaient dans cette ville ravagée par une série de tempêtes tropicales et d'ouragans meurtriers l'été dernier, M. Clinton, vêtu d'un jean et d'un t-shirt, a visité les chantiers en cours.

 

«Ce qu'il faut faire, c'est reconstruire de manière sûre afin non seulement de créer de nombreux emplois, mais aussi de minimiser les dommages», a-t-il déclaré, après avoir visité les travaux de curage de la rivière La Quinte, dont les eaux en crue s'étaient déversées sur la ville.

 

Les Haïtiens semblent espérer beaucoup de l'ancien président, à l'image de Jocelyn, 30 ans, qui a suivi le cortège en brandissant au-dessus de sa tête deux petits drapeaux, un américain et l'autre haïtien. «Nous souhaitons que les Américains prennent les choses en main ici. Nos dirigeants ne font rien et ne se soucient pas de nous», a-t-il dénoncé avant de crier: «We love you president Clinton!»

 

Sur son passage, des centaines d'Haïtiens ont applaudi M. Clinton pour sa première visite en tant qu'envoyé spécial de l'ONU et lui ont tendu des affiches qui réclamaient du «travail», de «l'eau potable» et des soins.

 

«Nous venons ici pour déterminer vos besoins et travailler avec les autorités d'Haïti dans le but de les assouvir», a affirmé M. Clinton après avoir visité le seul hôpital des Gonaïves, installé dans un hangar depuis le passage des ouragans l'été dernier.

 

«Maintenant, je vais rentrer aux États-Unis et me mettre au travail», a déclaré M. Clinton en conclusion de sa visite qui s'achevait hier, promettant de revenir bientôt.