Près de 130 personnes ont été arrêtées mercredi aux abords de Lima, après des frictions en marge de manifestations et de blocus de routes, au 2e jour consécutif d'une mobilisation sociale au Pérou contre la politique du gouvernement.

Les interpellations se sont produites dans plusieurs régions, mais une majorité aux abords de la capitale de 8 millions d'habitants, où de grands axes d'accès avaient été bloqués de pierres ou de pneus enflammés.

La circulation à Lima, problématique en temps normal, a été très fortement perturbée par le mouvement, étalé sur trois jours jusqu'à jeudi, à l'appel de plusieurs syndicats, notamment d'enseignants, de transporteurs, de chauffeurs de taxis.

Les provinces étaient davantage touchées, avec plusieurs routes bloquées dans les régions de Puno, Arequipa, Ayacucho dans le sud, Tumbes et Chiclayo dans le nord, et des villes vivant au ralenti, faute de transports collectifs ou d'écoles fonctionnant, selon les médias péruviens dans ces régions.

Près de Cusco (sud), la circulation du train conduisant à la citadelle inca de Machu Picchu, première attraction touristique du Pérou, a été suspendue en prévision du mouvement.

Les trois jours de mobilisation consacrent une grogne sociale croissante, alors que la crise économique faisant sentir son impact, avec un recul de l'activité en avril (-2,1,% du PIB) et un chômage en hausse à 8,5% sur Lima, principale place de travail.

Début juillet, 226 conflits sociaux étaient toujours en souffrance à travers le pays, selon les chiffres de la Défensoria del Pueblo, organisme médiateur des Droits de l'homme.

Les protestations des 7-8-9 juillet visent la politique libérale et la gestion d'ensemble du gouvernement d'Alan Garcia, président de centre-droit qui atteint une impopularité quasi-record (67%) depuis le début de son mandat en 2006. La crise avec les indiens d'Amazonie, qui a dérapé en violences faisant 34 morts les 5-6 juin, a immensément entamé son crédit.

En quête d'un nouveau souffle, le chef de l'État a annoncé pour avant la fin de cette semaine un changement de gouvernement et premier ministre.

L'actuel chef de gouvernement Yehude Simon, en poste depuis octobre 2008, a formalisé son départ dans une missive à Garcia datée de mercredi, lui expliquant qu'il «assume le coût politique» des violences entre police et indigènes les 5-6 juin à Bagua.