Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui a dominé la politique mexicaine pendant presque un siècle jusqu'en 2000, est de retour avec une large victoire aux législatives de dimanche, au détriment de la formation du président Felipe Calderon.

Selon plusieurs estimations publiées lundi, le PRI disposerait même de la majorité absolue avec le soutien de son allié du Parti vert, ce qui obligerait M. Calderon à composer avec une Chambre des députés hostile jusqu'à la fin de son mandat en 2012.

Le PRI passerait de 106 à 233 députés et le Parti vert, qui prône la peine de mort pour les ravisseurs, en remporterait 22, selon les estimations des journaux et des instituts de sondage. La Chambre compte 500 sièges.

«Nous sommes la première force politique de la Chambre des députés et grâce à notre alliance avec le Parti vert, nous atteindrons la majorité absolue», s'est réjouie Beatriz Paredes, la présidente du PRI, au pouvoir de 1929 à 2000.

«Nous reconnaissons et félicitons le PRI au sein de la nouvelle chambre des députés pour sa majorité relative», avait déclaré dès dimanche soir German Martinez, le président du Parti d'action nationale (PAN, droite).

La formation du chef de l'État, jusque-là majoritaire avec 206 sièges sur 500, n'en compterait plus que 146.

L'autre grand perdant des élections est le Parti de la Révolution démocratique (gauche), qui recule de la 2e à la 3e place à l'assemblée, avec seulement 72 députés, contre 127 auparavant.

La participation, que l'on craignait particulièrement basse, ne s'est pas effondrée: 43% des 77 millions d'électeurs se sont déplacés, soit légèrement mieux que lors des dernières législatives, en 2003 (42%).

Avec cette victoire, le PRI revient sur le devant de la scène après avoir été chassé du pouvoir en 2000 et rejeté lors des deux précédents scrutins, en 2003 pour les législatives et en 2006 à l'occasion de l'élection présidentielle qui porta Felipe Calderon au pouvoir.

Le PRI, souvent accusé par le passé de fraudes électorales, de corruption et d'autoritarisme, était resté bien implanté localement, gouvernant 18 États sur 32, dont les deux plus importants en nombre d'électeurs.

Pour Felipe Calderon, ce scrutin à mi-mandat avait valeur de test, notamment en raison de la crise économique très sévère - la récession a atteint 8,2% au premier trimestre - traversée par ce pays dont presque la moitié des 103 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.

La campagne pour les législatives a en outre été pratiquement éclipsée par la pandémie de grippe porcine, qui a tué 119 personnes au Mexique, foyer du virus A (H1N1).

Le PAN avait axé sa campagne sur le nécessaire soutien qui devait être apporté à sa politique sécuritaire, marquée par le déploiement de 36 000 soldats pour lutter contre la violence, en particulier des cartels, qui a couté la vie à 10 000 personnes depuis l'arrivée au pouvoir de M. Calderon.

Dimanche soir, le président a souligné la nécessité de poursuivre sur cette voie.

«Le rôle de l'État en matière de défense de la sécurité et de lutte contre le crime organisé doit être préservé avec fermeté», a-t-il déclaré.

Les électeurs mexicains étaient appelés à élire leurs 500 députés, mais aussi six gouverneurs et 568 maires durant cette journée qui n'a été troublée que par quelques incidents isolés, notamment des tirs contre la voiture d'un dirigeant du PRI attribués à des membres de son propre camp.