L'isolement du Honduras s'est renforcé mercredi, trois jours après la destitution du président Manuel Zelaya, dont l'éventuel retour continue de diviser profondément le pays.

Au lendemain de la condamnation du «coup d'Etat» par les Nations Unies, l'Organisation des Etats américains (OEA) a lancé un ultimatum au Honduras, menaçant de l'exclure si M. Zelaya n'était pas rétabli «dans les 72 heures».

En visite à Washington, le président déchu a aussitôt annoncé qu'il retardait à dimanche son retour au pays, prévu initialement jeudi, lors d'une conférence de presse retransmise sur la chaîne de télévision CNN.

«Etant donné les 72 heures réclamées par l'OEA, nous attendrons ce délai», a-t-il déclaré, avant de se rendre au Panama pour assister à l'investiture du nouveau chef de l'Etat panaméen, Ricardo Martinelli.

M. Zelaya n'a pas rencontré le président américain Barack Obama mais les Etats-Unis ont réaffirmé leur appui, en décidant de suspendre la coopération militaire avec le Honduras.

«Nous avons reporté nos activités militaires avec les forces armées du Honduras le temps d'étudier la situation», a indiqué un porte parole du Pentagone, Bryan Whitman.

Les Etats-Unis disposent toujours d'une base dans ce pays pauvre de 7,5 millions d'habitants, utilisé comme plateforme contre la guérilla en Amérique centrale dans les années 80.

L'Union européenne (UE) a aussi demandé mercredi à ses ambassadeurs au Honduras d'«éviter d'avoir des contacts avec le nouveau gouvernement», lors d'une réunion mercredi à Bruxelles.

L'Espagne, l'Italie et la France ont déjà annoncé le retrait de leur représentant, à l'instar des pays d'Amérique centrale et des gouvernements de gauche de la région, comme le Venezuela, Cuba, l'Equateur, la Bolivie, le Nicaragua ou la Colombie.

Face à cette mise à l'écart, les autorités qui ont pris le pouvoir vont lancer une «campagne» internationale d'explication de qu'elles qualifient de «succession constitutionnelle», a annoncé mercredi le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'intérim.

Et elles lancent un «dialogue national» ouvert à tous et à «toutes les composantes politiques, y compris celles qui ont participé à l'administration de M. Zelaya».

Au pouvoir depuis 2006, M. Zelaya avait été destitué pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire ouvrant la voie à une possible réélection, un scrutin jugé illégal par la Cour suprême.

Le brutal virage à gauche de ce magnat de l'industrie forestière, après son élection fin 2005 comme candidat libéral, avait hérissé une partie de la société hondurienne conservatrice, jusqu'à l'intéreur de son parti.

Mercredi, partisans et adversaires de M. Zelaya ont continué de manifester, dans la capitale et en province.

La veille, le nouveau chef de l'Etat désigné, Roberto Micheletti, avait répété devant 10 000 partisans qu'il n'y avait pas eu de «coup d'Etat» et le procureur général Luis Alberto Rubia avait confirmé que M. Zelaya serait arrêté en cas de retour au Honduras, où il est poursuivi pour dix-huit crimes, dont «haute trahison» et «corruption».

Le couvre-feu, qui devait être levé mardi, a été prolongé jusqu'à la fin de la semaine. L'impact économique de l'isolement risque de s'aggraver, au-delà des vols commerciaux supprimés en raison du couvre-feu.

La Banque mondiale a confirmé mercredi le gel des lignes de crédit au Honduras. L'organisme finance 16 projets dans le pays, pour un total de 400 millions de dollars, dont 270 millions restaient à verser.