Une crise politique était en gestation lundi en Argentine, l'ancien chef d'Etat Nestor Kirchner (2003-2007), mari de la présidente Cristina Kirchner, ayant démissionné de la tête du parti péroniste au lendemain de la déroute de leurs troupes aux élections législatives de mi-mandat.

«Je démissionne de manière irrévocable de la présidence du parti», a déclaré M. Kirchner lors d'une conférence de presse. «Lorsque le résultat n'est pas celui qu'on attendait, il faut savoir prendre la décision qui s'impose», a-t-il ajouté.

M. Kirchner, qui a exercé le pouvoir d'une main de fer depuis 2003 aux côtés de son épouse, a tiré les conséquences de sa débâcle électorale quelques heures à peine après la fin du scrutin.

Il a a demandé à son co-listier, gouverneur de la province de Buenos Aires et vice-président du parti, Daniel Scioli, d'assumer la conduite du parti.

La parti au pouvoir a perdu dimanche la majorité à la Chambre des députés et au Sénat, ce qui va les contraindre à bâtir des alliances pour gouverner.

Les Kirchner ont été battus dans la capitale et la province de Buenos Aires, dans les autres grandes provinces du pays: Santa Fe, Cordoba et Mendoza et même dans leur propre fief, à Santa Cruz (sud).

Lors d'une rare conférence de presse au lendemain des élections, Mme Kirchner s'est dit prête à «négocier, trouver des consensus» au sein du Congrès. «Le gouvernement aura besoin de trouver des accords pour assurer la gouvernabilité, mais pour bâtir des consensus il faut être deux», a-t-elle ajouté.

Mme Kirchner a toutefois fait valoir devant la presse que le parti au pouvoir et ses alliés ont été les plus votés dimanche avec 31,03% des voix, en soulignant qu'elle ne cherchait pas à «minimiser la défaite dans la province de Buenos Aires».

M. Kirchner a été battu par son rival Francisco De Narvaez, qui incarne le retour des idées néo-libérales au sein de la formation péroniste, dans cette province, où votent 40% des électeurs.

M. De Narvaez, propriétaire de moyens de communication et possédant une fortune personnelle de quelque 500 millions de dollars, a réclamé lundi «des changements au gouvernement, des hommes et des femmes qui croient au dialogue».

Le même jour a été annoncée la démission de la ministre de la Santé, Graciela Ocana, responsable de la lutte contre la grippe A (H1N1) qui a déjà fait 26 morts en Argentine.

La démission de Mme Ocana était réclamée depuis des mois par le puissant dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT), Hugo Moyano, allié proche de Kirchner souhaitant placer quelqu'un de sa confiance à un poste qui contrôle le budget de la sécurité sociale des syndicats.

Les Kirchner, qui avaient bâti leurs précédents succès sur le retour de la croissance après la crise historique de 2001-2002, ont pâti d'un contexte économique défavorable. L'Argentine est entrée en récession selon les économistes, qui contestent les chiffres du gouvernement.

L'opposition a recueilli 70% des votes contre 30% pour le parti au pouvoir, mais elle demeure éclatée entre péronistes de droite déçus du kirchnérisme, sociaux-démocrates, socialistes et partis minoritaires de gauche.

Les Argentins, qui votaient pour renouveler la moitié des sièges de la Chambre des députés et un tiers de ceux du Sénat, ont fait apparaître de nouvelles figures.

L'ancien pilote de Formule 1 Carlos Reutemann, le vice-président Julio Cobos et M. Macri apparaissent désormais comme des présidentiables pour 2011.